La santé intégrative

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May 22, 2018

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Indes

mai-juin 2018



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Nathalie Geetha Babouraj

Nathalie Geetha Babouraj

Allier le meilleur de la modernité et le meilleur des savoirs anciens, voilà ce que permet la santé intégrative, comme nous l’explique Nathalie Geetha Babouraj, docteur en médecine qui a exploré d’autres méthodes, telles que le yoga et l’ayurvéda. Elle nous invite à un retour à la plénitude et nous offre des clés pour prendre soin de soi et se sentir mieux au quotidien.

Nathalie Geetha Babouraj est docteur en médecine, auteure, conférencière, formatrice et créatrice du programme « La Bulle ». Douée de la double culture française et indienne, elle a suivi des études de médecine mais a également exploré le yoga et l’ayurvéda, notamment. Après une expérience de cinq ans en tant que médecin de prévention militaire pour les pompiers de Paris et la participation à un groupe de recherche à l’OTAN sur la place de la santé intégrative dans nos systèmes de soin actuels, Nathalie Geetha Babouraj a quitté la blouse blanche pour fonder l’iSi, l’institut de santé intégrative, afin « de promouvoir et de former à cette approche de santé innovante ». C’est dans ce cadre qu’elle organise « des formations en Inde, ouverts aux professionnels de la santé, aux thérapeutes de médecines douces, aux entreprises, et à toute personne intéressée par l’art de prendre soin de soi ». En juillet 2017, elle a publié son livre, Ma détox ayurvédique colorée, accompagné d’un CD, au Courrier du livre, « un manuel pratique pour rendre accessible et ludique cet éveil sensoriel qui joue dans nos capacités d’équilibre et de santé ».

Dans un entretien avec INDES, Nathalie Geetha Babouraj explique en quoi consiste la santé intégrative et pourquoi elle a choisi cette démarche qui consiste à « créer des ponts entre la France et l’Inde, entre progrès technologiques et savoirs anciens ». Elle nous offre également des clés pour prendre soin de soi et se sentir mieux au quotidien.

Qu’est-ce que la médecine intégrative exactement ?

Je préfère le terme de santé intégrative, comme il est utilisé dans les pays anglosaxons. En effet, la médecine est définie par l’exercice de médecins. La santé appartient à tout le monde. La santé intégrative, c’est comment allier le meilleur des progrès technologiques au meilleur des sagesses anciennes. Ayant exploré cette approche depuis une vingtaine d’années, à titre personnel et professionnel, je réalise que la vision intégrative de la vie nous invite à danser et faire la paix avec tous les opposés qui sont en nous. Un retour à la plénitude, comme le disait David Simon, neurologue américain co-fondateur d’un centre de santé intégrative : le Chopra Center aux États-Unis.

Quel a été votre parcours ? Et qu’en est-il aujourd’hui de la médecine conventionnelle ?

Je suis née en France, de parents indiens. À 10 ans, nous sommes retournés à Pondichéry. À 18 ans, je suis revenue à Montpellier, en France, faire mes études de médecine. J’ai donc grandi entre deux cultures très différentes, d’autant plus que j’étais une fille. L’Inde nous offre le terreau de cette vision intégrative. Les opposés cohabitent. Cela créé une plasticité cérébrale particulière où la technologie peut tout à fait aller de pair avec les traditions. Le « ET » est plus accessible que le « OU ». Je n’ai pas du tout abandonné ma casquette de médecin « conventionnel », c’est juste qu’on ne peut pas tout faire. Je me suis spécialisée dans la pédagogie de la santé et continue d’orienter les personnes vers mes confrères si besoin.

Quel est votre rapport à l’Inde ?

J’ai un rapport assez puissant avec l’Inde. Adolescente, je l’ai détestée. Puis lors de mon exploration intégrative, j’ai réalisé que ma double culture était ma force. L’Inde m’a inculqué cette sagesse à transformer les obstacles en opportunité pour grandir. Ce qui explique pourquoi je suis attachée à ce pays. Je suis fière d’avoir passé ma crise d’adolescence là-bas et d’y proposer une formation deux fois par an à  des personnes en quête de sens et dans cette envie d’un cheminement intérieur mais aussi dans leur parcours professionnel.

Quelles approches alternatives proposez-vous ? Et sont-elles toutes spécifiquement indiennes ?

Les approches intégratives que je propose sont l’ayurvéda, le yoga, la méditation, la danse, et finalement tout ce qui nous ramène à notre éveil sensoriel, pour nous reconnecter à notre boussole intérieure. Bien que mes formations intégratives initiales soient indiennes, cette vision « tête-cœur-corps » et la danse entre notre microcosme et notre macrocosme se retrouvent dans toutes les sagesses anciennes, quels que soient les pays, y compris, par exemple, chez Hippocrate en Europe.

yoga

En tant que médecin, pourquoi et comment vous êtes-vous dirigée vers ces méthodes alternatives ?

Comme je vous l’ai dit, ce n’est pas antinomique d’aller voir son médecin pour un bilan et un traitement, et d’aller consulter un autre thérapeute traditionnel, quand on habite en Inde. Pour ma part, j’ai été confrontée à cette situation quand j’étais étudiante en médecine. Comme beaucoup d’étudiants, je souffrais de brûlures d’estomac. Après un bilan complet avec mon gastro-entérologue qui m’a rassurée, vu que les traitements classiques ne fonctionnaient pas et qu’il n’avait pas d’autres pistes à m’apporter, je me suis rappelée de mon grand-père qui faisait du yoga tous les matins, et de mes grand-mères qui cuisinaient en fonction des saisons, de si quelqu’un était malade… J’ai donc testé pour moi et au bout de quelques mois, mes symptômes ont diminué et c’est ainsi que j’ai réalisé que l’approche intégrative pouvait être la réponse à notre monde en pleine évolution.

Pour un néophyte, il peut exister une crainte par rapport aux méthodes alternatives, peut-on et, dans ce cas, comment reconnait-on les pratiques et les praticiens sérieux ?

Là où je sens le plus de crainte, ce n’est pas chez les personnes curieuses d’explorer ou les patients. C’est plus chez les soignants conventionnels. Peur du charlatanisme, de la secte… Cela existe, comme partout, y compris en médecine conventionnelle. D’où l’importance de la pédagogie de l’empowerment. La solution n’est pas à l’extérieur. L’extérieur peut être une aide, mais tout se passe dans ce microcosme, cette boussole intérieure. Et la médecine est là pour faire le point sur le corps physique, l’organique. On ne peut pas s’en passer. Personne ne peut vous interdire de voir votre référent médical qui est votre médecin. À vous de trouver celui qui a cette ouverture d’esprit.

Quelle est aujourd’hui la place de la santé intégrative en France ? Existe-til encore des résistances et pourquoi selon vous ?

Quand j’étais médecin de prévention chez les pompiers de Paris, j’ai eu la chance de participer à un groupe de recherche à l’OTAN sur la place de la santé intégrative dans les systèmes de soin actuels, avec une dizaine d’autres chercheurs. Cela m’a permis de voir un état des lieux mondial de la situation. Les pays anglo-saxons, comme les États-Unis, ou encore l’Inde sont en avance par rapport à la France – on aurait une vingtaine d’années de retard. Pourquoi ce gap ? Quand j’ai posé la question aux pionniers américains, ils m’ont répondu que nous, les Français, avions besoin de beaucoup de preuves scientifiques. Les Américains testent et évaluent aussi l’éventuelle économie. En effet, de nombreux hôpitaux universitaires ont réalisé qu’une personne prise en charge de manière intégrative faisait moins de rechutes et consommait moins de médicaments. Ils sont prêts à expérimenter. Ils ne laissent pas les critères scientifiques de côté, mais ils intègrent d’autres paramètres à leurs études : économique, social, anthropologique, écologique, humain. Des pistes pour la France pour une évaluation scientifique intégrative.

Comment créer des ponts entre ces médecines ? Et en quoi consiste votre programme de formation ?

J’ai créé l’iSi, l’institut de santé intégrative pour créer des ponts entre ces approches de santé. Et la formation #LaBulle est un laboratoire d’expérimentations ouvert aux soignants conventionnels, aux thérapeutes, aux étudiants, au monde de l’entreprise et à toute personne qui recherche cette notion d’autonomie, d’empowerment. C’est unique en France, les formations autour de la santé et du bien-être sont soit ouvertes aux médecins, soit aux kinés, soit aux thérapeutes, etc. Mais jamais on ne peut retrouver dans un même espace des médecins, des paramédicaux, des thérapeutes, des professeurs de yoga, des patients, des étudiants, des responsables RH d’entreprise… C’est la richesse même de cette approche par l’intelligence collective qui me motive.

Quelles seraient vos premiers conseils pratiques pour prendre soin de soi ?

La première chose que je conseille aux personnes qui souhaitent se lancer dans cette aventure passionnante et parfois intrigante, c’est de se faire confiance. Nous avons tous une part de nous-même qui sait ce qui est bon pour nous, cette fameuse boussole intérieure. Pour pouvoir y accéder facilement, il est important de nourrir cette boussole avec ses 5 sens et cultiver des sensations comme l’amour et la gratitude par une petite météo intérieure matinale de 5 minutes, ou une méditation. Pareil le soir. Des rendez-vous avec soi-même, pour changer de prisme. Notre société est très tournée vers la performance, la bataille, la lutte, y compris dans le milieu médical et le bien-être. Lutter contre une maladie, lutter contre les calories en trop. L’Ayurveda nous invite à voir les choses comme faisant partie de nous. Donc plutôt que d’exclure une partie de soi, l’inclure permet à notre système d’autorégulation de digérer et de trouver un nouvel équilibre harmonieux.

Auriez-vous un exemple d’exercice simple pour se sentir mieux au quotidien ?

Dans mon livre, Ma détox ayurvédique colorée, je propose des jeux sur les couleurs autour de nous. Manger du rouge, qu’est-ce que ça me fait ? Porter du jaune, qu’est-ce que ça me fait ? Travailler dans une pièce blanche, comment je me sens ? Et si vous mettiez les couleurs de l’arc-en-ciel dans votre assiette ? Comme nous le conseille Deepak Chopra, un autre médecin indien pionnier de santé intégrative aux États-Unis, chez qui je me suis formée. Les couleurs des fruits et légumes sont apportées par les phytonutriments, ces molécules pro-santé. Plus vous mettez de couleurs dans votre assiette, plus vous faites le plein de phytonutriments. Santé !

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