Haider

Hamlet au Kashmir

Entertainment

December 2, 2014

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Indes

Nov-Dec 2014



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Haider

Pour sa troisième adaptation de Shakespeare, Vishal Bhardwaj a choisi le Cachemire au plus fort de l’insurrection séparatiste des années 1990. Hamlet, devenu Haider, est à la recherche de son père disparu. Sur fond de trahison et de violence, le jeune homme sombre doucement dans la folie.
 
Haider, une adaptation de Hamlet, se passe en 1995, dans un Kashmir administré par l’armée indienne. La loi martiale a été imposée, les militants sont traqués. Le quotidien est fait d’arrestations, de brutalités, de tortures, de disparitions, d’exécutions par balles.
 
Lorsque Haider, de retour d’Aligarh, revient dans son village, son père, médecin, vient de disparaitre, emmené par l’armée après avoir soigné un militant séparatiste. Le jeune homme n’aura de cesse de le rechercher, écumant les commissariats de police et les camps de détention de prisonniers politiques.

Mais sa blessure est d’autant plus grande que sa mère se rapproche de plus en plus de son oncle paternel Khurram (Kay Kay Menon), un indicateur de l’armée indienne, qu’elle va finir par épouser.

Le doute plane autour du rôle joué par ce dernier : a-t-il trahi son frère ? Il le nie et accuse un autre de la mort du médecin. Haider ne sait plus qui croire, de son oncle ou de l’homme (Irrfan Khan) qui dit avoir recueilli les confidences de son père dans un camp de détention. Désespéré, empli d’un désir de vengance, il glisse dans la folie.

Un Kashmir gris et gelé

Le film de Vishal Bhardwaj est le troisième d’une trilogie qui comprend deux autres interprétations des oeuvres de William Shakespeare,Maqbool, en 2003 (adaptation de Macbeth) et Omkara, en 2006 (adaptation d’Othello).

Le Kashmir du film est loin des paysages de montagnes idylliques de carte postale. Ici tout n’est que fumée grise, lacs gelés, échos de balles, glace et neige. « Le Kashmir entier est une prison », dit Haider dans une réplique.L’ambiance est lourde. Dans une scène, un homme recouvert d’une cagoule noire qui ne laisse voir que les yeux, décide d’un battement de paupières, du sort des civils qui défilent devant lui. Jusqu’au bout la mort pèse.

Comme dans l’original, le thème de la trahison ressort. Mais ici pas de place pour le dilemme de Hamlet (le fameux « être ou ne pas être telle est la question »). Quant à la relation de Haider, le poète, avec sa mère, Ghazala (interprétée par Tabu), elle est certes tourmentée (doit-il l’aimer, la détester, la croire ou la tuer ?) mais la référence à l’inceste n’est pas aussi directe.

Le film, co-écrit par Vishal Bhardwaj et le journaliste kashmiri Basharat Peer, n’a pas que des supporters. Une campagne sur Twitter lui reproche notamment d’être anti-armée indienne et pro-séparatiste. Cependant, Haider, qui a le courage de s’attaquer à un sujet délicat, a été salué par la critique. En raison, aussi, de l’excellent jeu des acteurs, il reste l’un des meilleurs films indiens à voir cette année.

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