L’art des peintures « Madhubani »

L’héritage des villages du Bihar

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August 16, 2017

/ By / New Delhi

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La peinture de « Madhubani » prend racine dans la tradition d’une région éponyme de l’Etat du Bihar (Nord) qui a préservé une culture et une identité très particulières à travers les siècles.

Suivre l’autoroute 52 qui passe par la ville de Madhubani, dans la région de Mithila au Bihar, vous permettra de vous familiariser avec ce style pictural né il y a 2 500 ans dans les villages environnants. Selon la légende, il serait né à l’époque du « Ramayana », l’une des deux épopées mythologiques indiennes, à l’occasion du mariage de la princesse Sita avec le prince Rama, dieu hindou. Janak, le père de Sita, aurait commandé ces peintures pour saisir des souvenirs du mariage de sa fille.

La culture au centre de l’art

 

Une scène mythologique représentée dans la peinture « Madhubani » (Image : Craftsvilla)

Une scène mythologique représentée dans la peinture « Madhubani »
(Image : Craftsvilla)

Traditionnellement réalisée par les femmes de la région, qui en recouvraient les murs et sols, à l’aide de leurs doigts, de brindilles ou d’allumettes en guise de pinceaux, la peinture « Madhubani » employait des pigments naturels comme la poudre de riz pour le blanc, la suie et la bouse de vache pour le noir, le curcuma pour le jaune, le bois de santal pour le rouge, entre autres. Ces œuvres aux couleurs vives étaient généralement réalisées à l’occasion de fêtes, de célébrations ou lors d’un événement social.

Les sources d’inspiration de ces peintures sont diverses, religieuses ou profanes. Dieux et déesses, représentations magiques et tantriques comme l’amour et la fécondité, scènes mythologiques ou rustiques sont très communes dans ces œuvres. Des motifs récurrents traduisent les relations de l’homme avec la nature : arbres, lune, soleil, étoiles entourent souvent la figure humaine principale. L’artiste ne laisse aucun espace vide et utilise les formes géométriques à profusion. Décors muraux très appréciés, notamment des chambres nuptiales à l’occasion des noces, ces peintures transmettent les valeurs et l’héritage culturel des communautés de la région.

Il est étonnant que l’existence de ces peintures n’ait été découverte qu’à l’occasion du tremblement de terre en 1934 à la frontière de l’Inde et le Népal. C’est dans les décombres qu’un officier britannique posté dans la région de Madhubani mit à jour ces fresques à l’intérieur des maisons qu’il inspectait.

Art contemporain et émancipation des femmes

 

Une femme peint sur le tronc d’un arbre (Image : BBC)

Ce n’est qu’au début des années 1960, à la suite d’une terrible famine qui toucha le Bihar, que la peinture« Madhubani » prit le statut d’art contemporain. Dans le but d’aider la population de la région, le Conseil national de l’artisanat (All India Handicrafts Board) encouragea les femmes à peindre sur papier cette forme d’art éphémère jusqu’alors réservée à des cérémonies et des occasions rituelles particulières.

Ce style est encore aujourd’hui perpétué par les femmes du village de Ranti au Bihar. Ces peintures visent à éduquer les femmes tout en les encouragent à choisir des sujets qui leur plaisent. En 2012, les femmes de Madhubani ont sauvé un certain nombre d’arbres en utilisant leur tronc comme support : leurs créations figurant des dieux hindous, les autorités publiques n’ont pu les abattre pour créer les voies de communication prévues.

Ces dessins sont ainsi devenus, au fil du temps, un élément essentiel de l’éducation des femmes de la région qu’elles réalisent pour faire entendre leur voix. Peu à peu, ce style s’est répandu dans le pays, voire le monde entier, grâce à son utilisation sur nombre d’objets quotidiens : cartes de vœux, vêtements traditionnels, sacs à mains et autres tasses de thé.

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