Des dieux et des hommes

Les nombreux visages de l’Inde

Actualités

Dossier

December 10, 2018

/ By

Indes

Novembre-décembre 2018



Rate this post

ghat

Si la majorité de la population indienne est hindoue (environ 80%), le sous-continent abrite une multitude de pratiques religieuses. Certaines sont le fruit des migrations qu’a connues le pays, d’autres sont nées sur les bords du Gange. INDES dresse la carte d’identité de sept d’entre-elles.

 

Une « tour du silence »

Une « tour du silence »

1. LE ZOROASTRISME, PRATIQUÉ PAR LES PARSIS

Naissance : Le zoroastrisme est une ancienne religion préislamique née en Iran, de la réforme du culte mazdéen et que l’on estime datée du VIIe siècle avant J.-C. Cette religion, l’un des premiers monothéismes, tire son nom du prophète iranien Zarathoustra, considéré comme le fondateur de cette religion. Elle prône trois principes fondamentaux : « les bonnes pensées, les bonnes paroles et les bonnes actions » (soit « Humata, Hukta, Huvarshta »).

Les zoroastriens indiens sont appelés des Parsis. Ils sont arrivés d’Iran afin d’échapper aux persécutions religieuses et se sont installés principalement dans la région de Mumbai et sur la côte gujaratie.

Fidèles : Selon le recensement de 2011, les Parsis seraient moins de 60 000 personnes en Inde et les projections démographiques font craindre la disparition de cette communauté. 31% des Parsis ont plus de 60 ans et 30% ne sont pas mariés. Aussi, en 2013, le gouvernement a lancé le programme « Jiyo Parsi ». Il permet aux couples de bénéficier de conseils, d’assistance médicale et financière.

Dieux : Zarathoustra transforme le mazdéisme en une religion monothéiste en plaçant au centre un dieu absolu, Ahura Mazda (ou Ormuzd), le dieu de la sagesse, seul créateur de l’univers et de l’ordre cosmique. Zarathoustra décrit une bataille entre les forces du mal et du bien, entre les ténèbres et la lumière, symbolisée par le feu. Il existerait deux esprits jumeaux, Spenta Mainyu et Angra Mainyu ; le premier est un esprit saint associé à la vérité et le second est un esprit mauvais associé à la duperie. La lutte entre ces deux esprits constitue l’histoire du monde et se retrouve dans le choix entre le bien et le mal auquel l’homme est confronté.

Textes : Zarathoustra, qui donnait des directions spirituelles, est l’auteur d’hymnes sacrés appelés les Gathas. Ils sont réunis dans la Yasna qui est un chapitre de l’Avesta, le recueil des textes sacrés.

Signes / pratiques distinctives : Le feu sacré est vénéré comme symbole divin, symbole de la lumière, de la vérité, et les lieux de culte des Parsis, dont l’entrée est interdite aux non-zoroastriens, sont les « temples du feu ». L’un des plus anciens se trouve à Udvada au Gujarat.

Les Parsis n’enterrent pas leurs morts – dont l’âme quitte le corps et est soumise au jugement – mais les abandonnent aux oiseaux dans ce que l’on appelle « les tours du silence ».

Personnalités : En Inde, la petite communauté parsie est très influente et compte dans ses rangs quelque hommes d’affaires parmi les plus puissants du pays. Le fondateur du groupe Tata et ses héritiers sont effectivement issus de la communauté parsie. En 2012, pour la première fois le PDG du groupe n’était pas un membre de la famille, Ratan Tata n’ayant jamais été marié et n’ayant pas eu d’enfant. Le physicien Homi Jehangir Bhabha, à qui l’Inde doit son programme nucléaire, est également issu des rangs de la famille Tata. Feroze Gandhi, le mari d’Indira Gandhi, était lui aussi né dans une famille parsie.

 

La statue de Bahubali lors du Mahamastakabhisheka au Karnataka

La statue de Bahubali lors du Mahamastakabhisheka au Karnataka

2. LE JAÏNISME SE VEUT ÊTRE LA RELIGION DE LA NON-VIOLENCE

Naissance : Tout porte à croire que le jaïnisme serait né au VIe siècle avant J.-C. dans le bassin du Gange. Il s’agit de l’une des trois plus anciennes religions indiennes aux côtés de l’hindouisme et du bouddhisme.

Le principe central du jaïnisme est la non-violence et pourrait être résumé ainsi : « vivre et laisser-vivre ». L’objectif ultime est d’atteindre la libération de l’âme : la moksha. Les moines et les religieuses jaïns mènent une vie d’ascète dans la non-violence et renoncent à leurs possessions matérielles afin de parvenir à cette libération.

Il existe un schisme au sein du jaïnisme, il concerne principalement les pratiques monastiques. D’un côté, les Shvetambaras, dont les moines et les nones portent des robes blanches, et de l’autre les Digambaras qui estiment que les moines doivent vivre nus.

Fidèles : Les jaïns sont environ 4,5 millions en Inde et représentent une minuscule minorité de 0,4% mais sont pourtant très impliqués dans la vie économique et politique du pays. Beaucoup appartiennent au monde des affaires et vivent dans le Maharashtra, le Rajasthan, le Madhya Pradesh, le Gujarat, le Karnataka, mais aussi à Delhi.

Dieu(x) : Les jaïns ne possèdent pas réellement de fondateur historique, mais ont des tirthankaras, c’est-à-dire, des maîtres spirituels qui guident à travers le cycle des renaissances jusqu’au salut. L’une des plus anciennes figures du jaïnisme est Parshvanatha, un enseignant ayant renoncé à toute possession matérielle (environ au VIIe siècle avant J.-C.). Il est considéré comme le 23e tirthankara.

Le 24e et dernier tirthankara est connu sous le nom de Mahavira. À l’instar de Bouddha, Mahavira était le fils d’un chef de guerre et comme Bouddha, il a renoncé à son statut de prince pour vivre une vie d’ascète. Il aurait ensuite converti onze disciples, parmi lesquels deux auraient fondé une communauté monacale jaïne.

Les jaïns auraient ainsi développé leur propre légende avec comme figures centrales les tirthankaras. D’autres figures sont issues de la tradition hindoue, comme par exemple Krishna, considéré comme un cousin du 22e tirhthankara, ou encore Rama.

Textes : Les enseignements originaux des tirthankaras que l’on appelle des Purvas, ont été perdus. Pour les Shvetambaras, plus de quarante textes contiendraient l’enseignement des traditions jaïnes. Pour les Digambaras, seuls deux textes ont un statut canonique.

Signes / pratiques distinctives : Les jaïns suivent un régime alimentaire fondé sur la non-violence. Non seulement, ils sont végétariens mais ils ne mangent pas non plus de racines, comme les oignons par exemple, car déraciner un légume pourrait causer inutilement la mort de nombreux insectes.

Le plus célèbre des festivals jaïns s’appelle le Mahamastakabhisheka. Il se déroule dans l’État du Karnataka et n’a lieu qu’une fois tous les douze ans ! La statue de plus de 17 mètres de haut de Bahubali, le fils du 1er tirthankara, qui se trouve sur le mont Vindhyagiri, est alors ointe de lait, de fleurs…

 

Le Lotus Temple à Delhi

Le Lotus Temple à Delhi

3. LE BAHAÏSME, LA RELIGION QUI VOULAIT UNIR TOUTES LES RELIGIONS

Naissance : Tout comme le zoroastrisme, la foi bahaïe est née en Iran. Elle trouve ses origines en 1844 dans le « babisme », qui est considéré comme une réforme de l’islam chiite.

Plusieurs hommes sont à l’origine de la foi bahaïe. Le premier, Mirza Ali Muhammad, surnommé le Bab (« la porte »), est le fondateur du babisme.

Il y eut ensuite Mirza Husayn Ali, qui allait prendre le titre de Baha’u’llah (« la gloire de dieu »), se déclarant être le messager de Dieu, en 1863. Ses disciplines deviennent alors des bahaïs.

En Inde, les enseignements de Baha’u’llah seraient apparus pour la première fois en 1871. Ce serait Jamal Effendi, un perse ayant sillonné le sous-continent, qui y aurait importé les valeurs de Baha’u’lláh. Des valeurs qui reposent sur la fraternité et l’unité, l’unité de Dieu, l’unité de toutes les religions mais aussi l’unité de l’humanité.

Pour les bahaïs, toutes les religions du monde prônent la même vérité et tendent vers l’unité et la paix. L’objectif de son fondateur était de réunir toutes les religions au sein d’une foi universelle. Prônant l’égalité et plaçant haut l’éducation, les bahaïs travaillent également à l’abolition des classes sociales et du racisme. Ici, pas de rituels ni de prêtrise.

Fidèles : Selon le recensement de 2011, les bahaïs n’étaient que 4 572 en Inde, cependant le Yearbook of International religious demography 2016 cite le chiffre de la World Religion Database d’environ 2 millions et révèle que l’Inde est le pays accueillant la plus grande communauté bahaïe au monde. Dans le monde, ils seraient entre 5 et 7 millions.

Textes : Si le Kitab-i Aqdas, (« le livre très saint ») rédigé par Baha’u’llah entre 1871 et 1874, donne les principes fondamentaux bahaïs, d’autres textes sacrés sont considérés comme importants et sont lus, notamment le Bayan du Bab, mais aussi la Bible, le Coran,…

Signes / Pratiques distinctives : Le culte est ouvert à tous ceux qui acceptent les enseignements de Baha’u’llah. Il n’existe pas de rites d’initiation, ni de clergé. En revanche, un fidèle se doit de prier tous les jours, de ne pas consommer d’alcool ni de drogue et d’être monogame.

Lieux de culte : À Delhi, le lieu de culte des bahaïs est le Lotus Temple. Construit en 1986 par un architecte iranien, il tire son nom de sa forme de lotus. Caractéristique des lieux de culte bahaïs, il possède neuf côtés. Les bahaïs croient en effet que le nombre neuf possède des propriétés mystiques.

Les tombeaux du Bab et de Baha’u’llah, lieux les plus saints de la religion, se trouvent dans le nord d’Israël.

 

Membres de la communauté des dawoodi bohras

Membres de la communauté des dawoodi bohras

4. LES BOHRAS

Naissance : Les bohras sont des musulmans. En Inde, vivent des bohras chiites ismaéliens, essentiellement originaires de la région du Gujarat dans l’Ouest de l’Inde.

Le terme de bohra viendrait du gujarati « vahaurau » qui signifie « commerçant ». Au départ, il s’agissait de mustaliens (une branche ismaélienne du chiisme) originaires d’Égypte, passé par le Yémen et qui se sont implantés en Inde au XIe siècle. Le centre de ce culte se trouvait au Yémen mais a été déplacé en Inde en 1539, à Sidhpur. Les bohras ont connu plusieurs scissions au cours de leur histoire.

En 1588, une scission a lieu entre les suleymani bohras et les dawoodi bohras. Les dawoodi sont les plus importants en Inde et leur leader se trouve à Mumbai alors que le leader religieux des suleymani se trouve au Yémen.

En Inde, vivent également des bohras sunnites, aussi appelés jafari bohras. Ils partagent des similitudes culturelles avec les dawoodi.

Fidèles : Les dawoodi bohras seraient environ un million dans le monde, répartis entre l’Inde, le Pakistan, le Yémen et l’Afrique de l’Est. Les dawoodi indiens, seraient 500 000 en Inde et dans le monde.

Texte(s) : Le Coran

Leader religieux : Le leader spirituel de la communauté des dawoodi bohras en Inde est Syedna Mufaddal Saifuddin. On l’appelle le dai al-mutlaq.

Signes / Pratiques distinctives : Les dawoodi bohras suivent les sept piliers de l’islam ismaéliens qui sont : l’amour et la dévotion pour Dieu ; le prophète et l’imam ; la pureté et la propreté ; la prière ; l’aumône ; le ramadan ; le pèlerinage à La Mecque et la défense de la foi.

Un groupe de femmes de la communauté a récemment déposé une demande auprès de la Cour suprême indienne afin que cette dernière examine la légalité des mutilations génitales pratiquées sur les mineures. Au mois de septembre 2018, la Cour a demandé à cinq juges de se pencher sur la question. Cette pratique n’est pas mentionnée dans le Coran mais de nombreux bohras estiment qu’il s’agit d’une obligation religieuse.

 

Concert de musique qawwali au dargah de Nizamuddin

Concert de musique qawwali au dargah de Nizamuddin

5. LE SOUFISME, LA VOIE MYSTIQUE DE L’ISLAM

Naissance : Le soufisme est un courant mystique de l’islam. Les musulmans soufis tentent d’atteindre la vérité et la connaissance mais aussi la présence de Dieu à travers la voie mystique. Les fidèles cherchent à atteindre la fusion avec Dieu.

Le soufisme serait né d’un courant de l’islam ascétique. Il serait devenu mystique lorsqu’une femme, Rabi’ah al-Adawiyah, formula l’idée de l’amour de Dieu. Un amour désintéressé, sans espoir de paradis et sans peur de l’enfer.

Le soufisme a connu son âge d’or au XIIIe siècle, lorsque ses idées se sont répandues dans le monde islamique mais aussi à ses confins. Ce fut le cas en Inde où le soufisme a grandement contribué à la société islamique. Les soufis en Inde ont beaucoup été influencés par le mysticisme hindou.

À partir du XIIe siècle, le soufisme s’est structuré autour de grandes confréries : la Chishtiyya, la Suhrawardiyya, la Naqshbandiyya et la Qâdiriyya – étant les quatre principales confréries en Inde – mais aussi les Melamis, la Bektashiyya, la Shâdhiliyya et la Tijâniyya.  Les fondamentalistes considèrent les soufis comme des hérétiques.

Fidèles : On estime que les adeptes du soufisme représentent 300 millions sur 1,6 milliard de musulmans dans le monde.

Textes : Les premiers ouvrages sur le soufisme remonteraient au Xe siècle mais auparavant les soufis avaient beaucoup utilisé la poésie pour partager leurs expériences. La littérature soufie comprend de nombreuses hagiographies mais aussi des biographies des différents saints.

La plus grande contribution du soufisme à la littérature islamique est bel et bien la poésie, à commencer par des poèmes courts ou des chansons d’amour en arabe.

Pratiques / Signes distinctifs : « Dans les rites, Allah n’est accessible qu’indirectement ; sa présence n’est pas palpable. Il en va autrement si l’on s’engage sur le chemin de l’expérience mystique qui est accessible de deux façons : la voie longue de l’initiation, et la voie courte de l’extase artistique », écrit Marc Gaborieau, historien à l’EHESS.

Afin d’accéder à Dieu, les soufis pratiquent des chants et des danses, récitent des prières. La musique tient une place importante dans la quête de l’union avec Dieu et le qawwali, originaire d’Inde (on considère le mystique soufi Amir Khusrau comme « le père du qawwali »), constitue la forme de musique dévotionnelle soufie la plus populaire en Inde et au Pakistan. L’un de ses plus célèbres chanteurs est Nusrat Fateh Ali Khan.

La plupart du temps, ils se réunissent autour des tombeaux de leurs saints. Ainsi à Delhi, le dargah de Nizamuddin est l’un des importants sanctuaires soufis, où l’on peut assister à des concerts de qawwali.

 

Le temple d’Or à Amritsar

Le temple d’Or à Amritsar

6. LE SIKHISME

Naissance : Le fondateur du sikhisme, Guru Nanak, est né près de Lahore (aujourd’hui au Pakistan). Il a vécu au XVIe siècle et a fondé le sikhisme dans le but de dépasser l’hindouisme et l’islam. Guru Nanak a été succédé par neuf autres gourous, tous « habités par un esprit ». À la mort du dixième, l’esprit éternel du gourou se serait transféré dans le texte sacré du Guru Granth Sahib.

Dans cette religion monothéiste, Guru Nanak prêche la tolérance et pour lui, la religion doit unir les hommes.

Dans les années 1970, certains sikhs avaient des revendications indépendantistes. Ils militaient pour la création du « Khalistan », ou « pays des purs ». En 1984, l’attaque par l’armée du Temple d’Or, l’édifice le plus sacré pour les sikhs, dans lequel s’étaient retranchés des militants séparatistes, avait fait au moins 400 morts et provoqué la colère des sikhs. Quatre mois après, la Première ministre, Indira Gandhi, était assassinée par ses gardes du corps sikhs.

Fidèles : Cinquième religion du monde avec plus de 20 millions de fidèles. La plupart des sikhs vivent dans l’État du Pendjab.

Texte(s) : Le Guru Granth Sahib est un livre considéré comme la demeure du gourou éternel par les sikhs. Ce texte sacré est conservé dans le temple d’Or d’Amritsar.

Pratiques / signes distinctifs : Le port de signes distinctifs du sikhisme constitue une règle, la règle « des 5 K », correspondant aux 5 symboles sacrés dont le nom commence par un « k ». Les sikhs doivent ainsi porter : la barbe et les cheveux longs (kesha) couverts par un turban et maintenus par un petit peigne en bois (kangha), un bracelet de fer (kara), une dague (kirpan) et un caleçon court (kaccha).

Les sikhs, qui prient au gurudwara, vénèrent Dieu mais ils le vénèrent dans sa forme abstraite, il n’existe aucune image ou autre représentation.

Personnalités : Manmohan Singh est un économiste indien très respecté. Il fut Premier ministre pendant dix ans (entre 2004 et 2014).

 

La Synagogue de Kochi (Cochin)

La Synagogue de Kochi (Cochin)

7. LA MINORITÉ JUIVE INDIENNE

Arrivée : Les juifs qui vivent en Inde seraient arrivés il y 2 000 ans ! Les juifs en Inde se divisent en trois groupes : les juifs de Cochin, les bene Israël, et les juifs de Bagdad.

Chacune de ces communautés est arrivée à des périodes différentes. Les juifs de Cochin sont arrivés en l’an 50 environ. Les bene Israël sont les plus nombreux et ils seraient arrivés il y a environ 1 600 à 1 800 ans. Les juifs de Bagdad seraient, pour leur part, arrivés beaucoup plus tard, entre le XVIIIe et le XIXe siècle.

En Inde, les communautés juives vivent dans les environs de Mumbai, Kochi et Kolkata, mais aussi dans l’Himachal Pradesh.

Fidèles : Il n’existe pas de chiffres officiels mais il semblerait que la population juive ait atteint les 20 000 personnes au milieu des années 1940. Puis à partir de la création de l’État d’Israël en 1948, elle a baissé.

Aujourd’hui, on estime à 6 000 le nombre de juifs vivants en Inde à travers tout le territoire. Les juifs ne sont en revanche pas reconnus comme étant une minorité par le gouvernement indien.

Le pays compterait également plus d’une trentaine de synagogues.

Pratiques et signes distinctifs : Selon les historiens, la communauté juive d’Inde n’a pas connu l’antisémitisme dont elle a été victime dans d’autres pays.

Similar Articles

YOU MAY ALSO LIKE

0 COMMENTS

    Leave a Reply

    Your email address will not be published. Required fields are marked *