Le jardin et le paradis

Des joyaux de verdure

Patrimoine

January 20, 2016

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Indes

janvier-février 2016



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The garden and paradise

The garden and paradise

Le jardin indien est un joyau de volupté. Havre de paix et de fraicheur, il sait éveiller tous les sens grâce à l’arrangement judicieux de pièces d’eau et, au choix, d’arbres et de fleurs aux parfums envoûtants. Où trouver aujourd’hui la trace de ce jardin mythique ?

Les villages indiens se transforment en petites villes et les cités en mégalopoles. Leurs infrastructures rivalisent en hauteur et en profondeur, en complexité et en originalité. Mais où sont passés les jardins fleuris ? Où sont les joyaux de verdure, les touches vibrantes et éphémères de couleurs et les îlots de parfums volatiles ? Les jardins indiens semblent avoir disparu du paysage moderne. Pourtant, les fleurs font partie intégrante du quotidien. Elles inondent les statues des temples, elles ornent le cou des mariés, les cheveux des femmes, elles tapissent les murs et les tables de tous les espaces en fête, sans oublier les aménagements des meetings politiques.

A défaut de fleurs, on remarquera que chacun, même en ville, entretient des plantes vertes dans des pots près de sa porte ou sur son balcon. C’est le petit jardin sacré ou ornemental de la maison qui fournit les essentiels pour la cuisine, l’autel domestique ou la décoration de la table.

On y trouve inévitablement le tulsi ou basilic sacré, l’une des plantes les plus importantes de la cosmologie hindoue. Vénérée pour sa valeur symbolique et soignée pour ses propriétés thérapeutiques, le tulsi est offert lors de rituels en l’honneur du dieu Vishnou et de son avatar Krishna. Ses feuilles entrent dans la composition du chai, le thé indien, tandis que l’ayurveda lui reconnaît soir quand, après la tombée de la nuit, la brise fraiche sortait les visiteurs de leur torpeur. Le « moonlight garden » jouait alors sur l’émerveillement qui découlait d’une multitude de senteurs, de jeux sonores et d’une douceur rafraichissante sur la peau, et non sur une effervescence visuelle créée par un agencement ordonné des espaces horticoles. Le jardin était un espace à ressentir plutôt qu’à voir. C’est ainsi qu’on se laissait enivrer par le parfum floral et fruité de la natrani, reine de la nuit (cestrum nocturnum ou jasmin de nuit), dont les senteurs intenses se révèlent soudainement à la tombée du jour. De petits oiseaux nocturnes comme le titori venaient compléter le chant de l’eau ruisselant vers le bassin, tandis que des fenêtres à claires voies sculptées laissaient passer une brise nocturne rafraichissante. Un tel environnement nourrissait l’inspiration du poète et du musicien, et le jardin était associé à l’art et au jeu amoureux. C’était le « mandavanam » ou jardin paradisiaque qui reflétait le raffinement artistique des sociétés indiennes pré-mogholes, ainsi qu’un art des jardins développé et soutenu par de solides connaissances mécaniques et hydrauliques.


Indes (janvier-février 2016)

Indes (janvier-février 2016)

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