L’Inde mène des « frappes chirurgicales » au Cachemire côté Pakistan

Après l’offensive diplomatique contre Islamabad, une réponse militaire indienne ferme et ciblée

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September 30, 2016

/ By / New Delhi

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Après l’attaque de la base militaire indienne d’Uri au Cachemire, le 18 septembre dernier, où 19 soldats indiens ont trouvé la mort, New Delhi a annoncé avoir mené jeudi matin des « frappes chirurgicales » contre des camps rebelles le long de la ligne de démarcation de la région contestée du Cachemire, qui sépare l’Inde et la Pakistan. Après une offensive diplomatique visant à isoler le Pakistan, cette plus importante réponse militaire indienne de ce type depuis des décennies traduit un net durcissement de l’attitude du gouvernement de Narendra Modi dans ce dossier. L’opinion publique indienne dans son ensemble appelait à une réponse ferme, tout en évitant des risques d’escalade avec le voisin pakistanais, doté comme l’Inde de l’arme nucléaire.

La réponse militaire indienne a été soigneusement préparée, dans le plus grand secret. Après l’attaque de la base indienne d’Uri au Cachemire, le gouvernement indien du Premier ministre Narendra Modi a mené une offensive diplomatique contre le Pakistan, tout en étudiant une réponse militaire calibrée dès le 19 septembre.

« Des équipes de terroristes s’étaient positionnées dans des bases le long de la ligne de contrôle pour rentrer clandestinement et perpétrer des attaques terroristes » en Inde, a indiqué le lieutenant-général Ranbir Singh, de la structure en charge des opérations militaires (Director General of Military Operations, DGMO), lors d’une conférence de presse à New Delhi.

Ces frappes, menées par des forces spéciales indiennes, ont, selon lui, fait « un nombre significatif de victimes dans les rangs des terroristes et de ceux qui essayent de les soutenir ».

Islamabad a annoncé de son côté que deux soldats pakistanais avaient été tués le long de la ligne de contrôle. « Les troupes pakistanaises ont répondu à des tirs indiens non provoqués sur la ligne de contrôle », a ainsi déclaré l’armée pakistanaise dans un communiqué, minimisant cependant l’ampleur des frappes indiennes.

Dix-neuf militaires indiens avaient été tués dans l’assaut de la base d’Uri menée par quatre militants du groupe jihadiste Jaish-e-Mohammed, basé au Pakistan. Cette attaque, la plus meurtrière dans la région en plus de dix ans, avait déclenché une vive émotion dans l’opinion publique et la classe dirigeante indienne, dans un contexte de vives tensions persistantes entre séparatistes, jeunes manifestants et forces de l’ordre au Cachemire indien et d’incursions répétées de militants basés au Pakistan sur le territoire indien. Celle menée le 2 janvier dernier dans la base indienne de Pathankot, au Cachemire, où au moins quatre assaillants, un civil et sept Indiens chargés de la sécurité avaient trouvé la mort, avait déjà suscité une vive émotion en Inde.

Une opinion indienne solidaire

Face à une opinion publique à nouveau chauffée à blanc et les critiques de l’opposition du Congrès, qui a depuis apporté son soutien à ces frappes au nom de l’union nationale, le gouvernement Modi était sous pression pour réagir après l’attaque de la base d’Uri. New Delhi accuse régulièrement Islamabad d’apporter en sous-main un soutien logistique à des infiltrations et à des mouvements rebelles armés dans le Cachemire indien. De son côté, le Pakistan dément un tel soutien.

Avant cette réaction militaire, New Delhi avait déclenché une vaste offensive diplomatique visant à isoler le Pakistan sur le plan international. L’Inde avait notamment annoncé qu’elle ne participerait pas au sommet régional du SAARC  (South Asian Association for Regional Cooperation, L’Association sud-asiatique pour la coopération régionale), entraînant dans son sillage le retrait du Bangladesh, de l’Afghanistan et du Bhoutan de ce sommet. La ministre indienne des Affaires étrangères, Sushma Swaraj avait en outre fermement condamné l’attitude du Pakistan et les attaques terroristes le 25 septembre à l’Assemblée générale des Nations Unies, à New York.

New Delhi et Islamabad revendiquent la région du Cachemire depuis la douloureuse Partition de 1947 entre l’Inde et le Pakistan. Depuis, ce conflit le long de la ligne de contrôle a fait des dizaines de milliers de morts, essentiellement des civils.

C’est la première fois depuis 1971 que l’Inde fait ainsi ouvertement et avec fracas état d’une opération de cette ampleur de l’autre côté de la ligne de démarcation, même si les échanges de tirs et les incursions de part et d’autres ont été nombreux ces dernières décennies et des conflits sporadiques ont eu lieu entre les deux pays.

Les grandes chancelleries, notamment à Pékin et à Washington, ont appelé l’Inde et le Pakistan à maintenir la paix. La crainte d’une escalade n’est jamais loin entre l’Inde et le Pakistan, les deux grandes puissances nucléaires de l’Asie du Sud et toutes deux en plein renforcement de leur équipement militaire. Côté indien, on vient juste de boucler le contrat de fourniture de 36 avions de combats Rafale multi-rôles par le Français Dassault Aviation et on développe régulièrement le partenariat stratégique avec la France, de l’antiterrorisme à des exercices militaires communs de plus en plus réguliers et poussés.

L’Inde s’affirme aussi comme un allié de plus en plus étroit sur le plan stratégique et militaire des Etats-Unis, qui entretiennent aussi des liens militaires forts avec le Pakistan, avec notamment de récents accords visant à faciliter l’accès des Américains à certaines bases indiennes. Cela a le don d’irriter Pékin, un soutien du Pakistan, sur l’échiquier complexe de la diplomatie régionale où les tensions et les revendications transfrontalières, notamment également entre la Chine et l’Inde, restent vives.

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