A Delhi, des petits hôtels très « frenchies »

Société

December 2, 2014

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Indes

Nov-Dec 2014



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A Delhi, des petits hôtels très « frenchies »

Depuis quelques années, de jeunes Français souvent connectés à l’industrie textile ouvrent des petits hôtels élégants et modernes dans les quartiers sud de Delhi. Ils séduisent à la fois les touristes internationaux et une clientèle business fidèle, venue pour des séjours plus longs. The Rose, Bed&Chaï, Amarya Villa, et Scarlette nous ouvrent leurs portes.

Les coffres en bois et les étagères ont été chinés chez les antiquaires de Jaipur et de Jaisalmer. Les murs sont décorés de reproductions d’art tribal ou de photos en noir et blanc de l’époque du Raj, les coussins sont fleuris et des part-battage en corde du Gujarat sont posés à même le sol. Pas de doute on est en Inde, mais sans excès. Subtilité et élégance sont de mise. Dans ces maisons d’hôtes tout est chic, charme, lumière et verdure. On pourrait se croire en France – n’étaient-ce les bruits de klaxon, et les chiens errants qui aboient parfois la nuit. L’Inde se rappelle à nous.

Les huit propriétaires associés de ces petits hôtels, qu’ils nomment volontiers « maisons d’hôtes », sont nés en Normandie, dans le Nord, ou dans la région lyonnaise. Mais, dans le cadre de leur travail ou de leurs études, ils ont posé leurs valises à Delhi avant d’avoir soufflé leurs trente bougies, et ont été happés par le pays au point de vouloir y fonder quelque chose de bien à eux. Issus pour la plupart de l’univers du textile ou de la mode ils avaient tous, avant de se lancer dans l’entreprenariat, une bonne connaissance de l’Inde qui les a aidés à s’y retrouver dans le labyrinthe administratif et la gestion du personnel. Avec un investissement bien moindre qu’en France, ils ont réussi à développer des affaires qui marchent : les quatre structures existantes en ce mois d’octobre affichent des taux de remplissage de 80% à 90% – voire plus – saison d’été mise à part.

 

A Delhi, des petits hôtels très « frenchies »

Un accueil reposant et professionnel

La clé de leur succès : la touche française rassurante, certes, mais aussi un cadre reposant et propice aux rencontres. « Nous offrons le service d’un grand hôtel dans une structure plus petite, avec un service plus personnalisé », estime Sylvain (qui ne donne pas son nom de famille), l’un des trois fondateurs de The Rose, un hôtel tout en lumière ouvert en janvier 2012. L’établissement de onze chambres qui possède son propre spa, sa boutique, et fait office de galerie d’art dans son immense lobby, a aussi l’avantage d’être très bien placé.

Les baies vitrées donnent sur le parc du quartier historique et hyperbranché de Hauz Khas Village, où bars et restaurants rivalisent. The Rose ouvrira bientôt, dans un bâtiment voisin, quinze chambres supplémentaires pouvant être transformées en studios. Dans la catégorie « budget », Bed&Chai et sa nouvelle annexe offrent le choix entre huit chambres sobres aux salles de bains soignées et deux dortoirs de six et huit places. Les deux établissements, qui proposent chacun une cuisine en accès libre, sont une alternative aux hôtels bon marché de Paharganj, dans le quartier de la gare centrale, peu avenant. « Nous accueillons beaucoup de femmes qui voyagent seules », souligne Coraline Joveneaux, 31 ans, l’une des deux associées. Bed&Chai est à un jet de pierre des blocs M et N de GK1 (pour Greater Kailash…), haut-lieu du shopping et de la vie nocturne des expatriés et de la classe moyenne indienne. Les deux guesthouses sont aussi à environ dix minutes à pied de deux stations de métro.

Créer un endroit cosy et sympa

Les premiers Français à se lancer dans l’hôtellerie en Inde sont partis d’un même constat : au milieu des années 2000, entre les cinq étoiles (impersonnels et onéreux) et les hébergements très bas de gamme pour routards, Delhi ne proposait rien d’intéressant. « On ne savait jamais où aller », remarque Alex Lieury, issu du textile et de la mode, qui venait souvent pour affaires.

« Il manquait un endroit cosy et sympa. » Il décide d’ouvrir un hôtel contemporain et élégant dans la capitale en s’associant avec Mathieu Chanard, qui démissionne de chez Ralph Lauren. Rapidement, les deux jeunes hommes jettent leur dévolu sur un emplacement dans le quartier résidentiel de Hauz Khas Enclave et Amarya Haveli (aujourd’hui fermée) ouvre ses portes en janvier 2006. Quelques années plus tard, en 2010 ils développent, sur le même concept Amarya Villa, dans le quartier voisin de Safdarjung Enclave. La décoration, pensée par la femme et la belle-mère d’Alex Lieury, les créatrices des marques Nana Ki et Haveli, reprend cette fois le thème des Navratna, les neuf pierres précieuses indiennes. Une chambre, une couleur. Le salon est rose. A quelques « blocs » de là, dans le même quartier de Safdarjung Enclave, Pauline Bijvoet, 26 ans, a ouvert Scarlette il y a un an dans la maison occupée auparavant par Colaba House, un petit hôtel développé par l’un des trois fondateurs de The Rose au milieu des années 2000.Pour en faire « sa » maison d’hôtes-boutique de quatre chambres et deux studios, elle a entièrement réaménagé l’endroit avec des antiquités et des objets glanés au fil de ses cinq années passées en Inde.

Son lumineux salon et son coin repas, dignes d’un magazine français de décoration d’intérieur, donnent sur un coin de verdure. « Les gens vivent ici comme chez eux, la cuisine est libre d’accès », souligne la jeune femme blonde. Avant de monter Scarlette, Pauline Bijvoet assistait à Delhi la créatrice de mode parisienne Laurence Doligé, qui s’est installée dans la capitale indienne. Aujourd’hui, elle continue le consulting de production. Avec un tel carnet d’adresses sa clientèle est constituée en bonne partie de personnes en déplacement professionnel « qui viennent souvent entre deux et trois semaines pour le sourcing (ou l’approvisionnement). »

Une clientèle business très fidèle

Même profil de clients pour les propriétaires d’Amarya Villa, qui ont beaucoup de relations dans la mode, la décoration d’intérieur et le textile. « Environ 70% de nos clients viennent pour le business, certains trois ou quatre fois par an », remarque Alex Lieury. Pour leur faciliter la vie, il leur fournit un téléphone à leur arrivée en Inde, et travaille avec une compagnie de taxi qui connait bien les banlieues de la métropole. Il les aiguille volontiers aussi sur les concerts, les expositions, les restaurants. « L’image de Delhi a été ternie ces derniers temps. Nous voulons leur donner le goût de venir » explique l’entrepreneur de 38 ans, à la recherche d’un nouvel endroit pour une autre chambre d’hôtes dans Delhi. C’est aussi pour une clientèle business, en collaboration avec des entreprises, que Clara Kanner et Coraline Joveneaux développent leur troisième structure, qui ouvrira bientôt à Gurgaon. Depuis Bed&Chaï lancé en juillet 2012, les jeunes femmes, qui se sont rencontrées en Inde, fourmillent d’idées. L’annexe montée l’hiver dernier a été développée en partenariat avec une ONG qui aide les personnes tétraplégiques à vivre de façon autonome.

Ce qui les motive ? « L’envie d’entreprendre », résume Coraline Joveneaux, qui auparavant dirigeait la filiale indienne d’une société de contrôle de qualité textile. Issues d’une école de commerce, les deux Nordistes ont appris à se battre avec le quotidien pour résoudre, au jour le jour, tous les imprévus liés à l’approvisionnement en eau et en électricité. Mais cela aussi fait partie de l’aventure indienne.

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