L’Inde et le Pakistan s’enlisent dans une escalade d’attaques

La situation pourrait rapidement dégénérer, en vue des élections générales indiennes

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February 26, 2019

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Indes



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Le 26 février, l’armée aérienne indienne a bombardé un camp présumé du groupe islamiste Jaish-e-Mohammed

Réaction militaire plus ou moins attendue, l’armée de l’air indienne a lancé une attaque aérienne dans la nuit du 26 février sur un camp de terroristes présumé en territoire pakistanais. Cela ne s’était pas produit depuis 1971, lorsque les deux pays étaient encore en guerre.

Les hostilités entre les deux puissances nucléaires qui se disputent le Cachemire depuis 72 ans, se sont intensifiés suite à l’attentat-suicide qui a eu lieu dans le district de Pulwama (Cachemire indien) le 14 février, et au cours duquel 40 membres de la Force centrale de police de réserve (CRPF) ont perdu la vie.

Le 26 février, entre 3h30 et 4h05, l’armée aérienne indienne a dépassé la ligne de cessez-le-feu (LoC) entre l’Inde et le Pakistan afin de bombarder un camp présumé du groupe islamiste Jaish-e-Mohammed (JeM), groupe qui a revendiqué l’attaque du 14 février. Selon le secrétaire des affaires étrangères indiennes, Vijay Gokhale, le groupe se préparait à une autre attaque sur diverses régions du pays. Selon lui, « face à un danger imminent, une attaque préventive est devenue absolument nécessaire ».

Alors que l’Inde a tenté de faire reconnaître le leader du groupe, Masood Azhar, comme terroriste mondial à l’ONU, la Chine a utilisé son droit de véto contre cette mesure, empêchant ainsi l’extradition d’Azhar, et toutes interventions indiennes et internationales contre le groupe terroriste. 

Réactions Pakistanaises

Du côté pakistanais, le major général, Asif Ghafoor, porte-parole du service de presse de l’armée a déclaré : « Un avion indien est entré depuis le secteur de Muzafarabad. Face à une réponse opportune et efficace de l’armée de l’air pakistanaise, une bombe a été libérée à la hâte alors qu’il s’enfuyait et est tombée près de Balakot. Pas de pertes ni de dommages. ».

Dans la matinée toujours, le ministre pakistanais des Affaires étrangères, Shah Mahmood Qureshi organisait une conférence de presse conjointe avec le ministre des Finances, Asad Umar et le ministre de la Défense, Pervez Khattak et y déclarait : « Ils ont commis une agression contre le Pakistan aujourd’hui. Il s’agit d’une violation de la ligne de contrôle. Je considère qu’il s’agit d’une violation de la ligne de contrôle, et le Pakistan a le droit de donner une réponse appropriée car en situation de légitime défense ». Cette conférence faisait suite à une réunion d’urgence convoquée par le Premier ministre, Imran Khan. 

La presse pakistanaise n’a pas manqué de rappeler que l’agenda électoral indien n’était pas étranger à la décision du Premier ministre indien, Narendra Modi de lancer l’attaque sur Balakot, à moins de 200 km de la capitale pakistanaise, Islamabad. 

En Inde, l’euphorie

Les élections législatives indiennes auront lieu en mai. Le Premier ministre Modi a déclaré dans la journée que « l’Inde [était, Ndlr] entre des mains sûres ». Il a notamment quitté ses bureaux pour s’adonner à un bain de foule et faire une série de selfies dans le métro de Delhi. 

Dans les rues de New Delhi, des indiens conquis brandissaient des drapeaux et affichaient leur joie en criant « Jai Hind ! » (Vive l’Inde !). Plusieurs citoyens indiens interrogés y voient la destruction ciblée d’un camp terroriste ayant embrigadé le citoyen indien cachemiri à l’origine de l’attentat de Pulwama. 

L’attaque a été applaudie par la classe politique tous partis confondus, notamment par les chefs des partis d’opposition Rahul Gandhi (parti du Congrès) et Arvind Kejriwal (parti anti-corruption Aam Aadmi). Tous se réunissaient dans l’après-midi du 26 février afin de faire un point sur la situation avec la ministre des Affaires étrangères, Sushma Swaraj.

Vers une guerre ?

Certains, plus lucides, craignent une escalade d’attaques entre les deux pays après que le Pakistan ait annoncé des représailles. « Quelle forme prendra la réponse ? Où sera la réponse ? L’Inde devra-t-elle répondre à la réponse du Pakistan ? » a exprimé Omar Abdullah, ministre en chef du Jammu-et-Cachemire, sur son compte Twitter.

Ce soir, Islamabad avait en effet répliqué aux attaques avec des tirs d’obus dans le Cachemire, de l’autre côté de la ligne de contrôle (LoC). Imran Khan qui avait déjà alerté l’Inde contre toutes actions militaires ne semble pas avoir eu d’autres choix. La situation pourrait rapidement dégénérer, en vue des élections générales indiennes et face à un Modi qui s’affiche comme l’homme fort du pays et le Premier ministre indien le plus engagé contre le terrorisme. 

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