Kali Puja au Bengale

Pourquoi les Bengalis célèbrent Kali Puja quand l’Inde célèbre Diwali

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November 1, 2019

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Peu après les célébrations de Durga Puja, le Bengale se prépare à l’arrivée de la divinité de l’esprit, du corps et de l’âme. Mais pourquoi le Bengale célèbre-t-il Kali Puja (adoration de la déesse Kali), alors que l’Inde célèbre Diwali (la fête des lumières) ?

Chaque année, Kali Puja est célébrée le jour de la nouvelle lune du mois hindou de kartik (octobre-novembre). Son culte est important au Bengale, en Assam et en Odisha. Coïncidant avec le jour de Diwali, c’est un rituel tant pour les Bengalis que pour les Assamais ou encore les Oriyas.

Qui est Kali?

Le mot Kali aurait émergé pour la première fois dans l’Atharva Veda entre 1200 et 1000 av. J.-C.  et Kali viendrait du mot kala qui signifie temps. Avec son nom mentionné dans les Védas (textes religieux de l’hindouisme), elle représente les ténèbres d’Agni. David Frawley la décrit comme « une personnification de l’aspect féminin du sacrifice du feu ». Son aspect sacrificiel est évident dans la guirlande de crânes qu’elle porte.

On dit souvent que la déesse Kali est la divinité la plus mal comprise des dieux et des déesses hindoues. Sa représentation semble étrange et brutale à quelqu’un qui la voit pour la première fois. On la voit debout avec un pied posé sur la poitrine du dieu Shiva, la langue pendante, mais elle est également considérée comme la mère de l’univers, elle est aussi appelée Shyama ma, Adya ma ou Tara ma, notamment.

Dans ses premières représentations, Kali était souvent associée à des entreprises violentes sur les champs de bataille des dieux. Dans la légendaire bataille avec le démon Raktabija, chacune de ses gouttes de sang se manifestait en un clone du démon lui-même devenant une immense armée. Kali vainquit le démon et se mit à dévorer ses clones.  Elle entama ensuite une terrible danse de victoire et le monde commença à trembler. Personne ne pouvait l’arrêter dans sa frénésie car elle était trop enivrée pour écouter. Toutes les divinités, désespérées, se tournèrent vers Shiva pour l’arrêter. Shiva s’allongea sur la terre, prétendant être un cadavre. Kali finit par marcher sur la poitrine de Shiva et, choquée et embarrassée, elle se mordit la langue.

Malgré son apparence et son surnom de déesse de la mort, on considère qu’elle élimine l’égo, le narcissiques et l’égocentrisme. Elle est considérée comme la mère de ses dévots. Ramakrishna Paramahansa, Bamkhepa et Prahlad Chandra Brahmachari firent partie de ses adorateurs fidèles, consacrant leur vie à la déesse.

On considère également que Kali a développé en parallèle un intérêt pour le tantrisme.  Dans la méditation tantrique, la double nature de Kali amène les pratiquants à faire face simultanément à la beauté de la vie et à la réalité de la mort, en comprenant que l’un ne peut exister sans l’autre.

Selon Nrisingha Prasad Bhaduri, indianiste et spécialiste des épopées et des Puranas indiens (textes classiques), l’image de destruction attachée à Kali provient de sa relation avec les rituels tantriques, mais elle est également la mère de tous.

« Nous la connaissons sous le nom de Dakkhina Kali, que nous appelons notre mère. Le mot dakkhina lui-même signifie « favorable » et il y a en elle une notion d’apprivoisement, » a expliqué Nrisingha Prasad Bhaduri à INDES.

À propos de Kali Puja

Kali Puja a été introduit au Bengale autour du XVIe siècle. « Un érudit qui s’appelait Raghunandana au XVIe siècle parlait de l’adoration de la déesse Lakshmi et Kuber à  Deepanwita Amavasya, qui est le jour de la célébration de Kali Puja aujourd’hui. Beaucoup de gens croient que c’est Krishnananda Agamavagishawas, un érudit tantrique, qui a introduit ce culte au Bengale. Donc, je ne crois pas que c’était aussi important à l’époque, sinon cela aurait été mentionné, » a déclaré Nrisingha Prasad Bhaduri.

Le culte de la déesse Lakshmi et du dieu Kuber, divinités de la richesse et de la fortune qui occupent une place importante à Diwali, a fusionné avec le culte de la déesse Kali.

« Deepanwita Amavasya est, à l’origine, le culte de la déesse Lakshmi.  Et c’était le cas jusqu’au XVIe siècle au Bengale. C’est en 1768 qu’un érudit nommé Kashinath développa le culte de la déesse Kali le même jour. Donc, je pense que les deux Puja ont été synchronisées depuis lors, » a ajouté l’indianiste.

Dans son livre Encountering Kali, Fell McDermott écrit : « Elle est peut-être une divinité tribale assoiffée de sang, une déesse d’origine tribale ésotérique, la mère des poètes pieux vivant les bouleversements politiques et sociaux du Bengale au XVIIIe siècle, ou la terrible mère de la force et de la rage féminines universelles, mais dans tous les cas, par sa polyvalence même, Kali exprime un pouvoir de transformation (shakti). »

Ses formes diverses et les représentations de Kali dans différentes parties du sous-continent indien reflètent la façon dont son personnage s’est développé et s’est fondu avec les traditions locales et le symbolisme hindou. Les différentes manières dont la déesse Kali est décrite et célébrée à travers le pays sont nombreuses et cela va continuer.

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