Influences européennes en Inde

Série

October 27, 2015

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INDES Magazine entame une série sur les influences européennes – à l’exception de celle de la Grande- Bretagne – qui ont marqué l’Inde dès le XVe siècle. L’Occident était alors à l’âge des grandes découvertes. Ce fut l’essor de la cartographie marine, mais aussi celui du commerce maritime.

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« Sur le coup de minuit, quand dormiront les hommes, l’Inde s’éveillera à la vie et à la liberté ». Le 15 août 1947, l’Inde goûtait à l’indépendance. Dans la joie et la douleur puisque ce fut aussi la Partition. Le Pakistan était né. Quelques mois plus tard, le 4 février 1948, ce fut au tour de Ceylan (rebaptisé Sri Lanka en 1972) de secouer le joug britannique. Peu à peu, se dispersèrent ainsi toutes les pièces du puzzle qui avaient constitué le puissant « Raj ».

Il resta cependant des enclaves. Au sud de l’Inde, les Français ne rendirent les comptoirs (Pondichéry, Karaikal, Mahé, Yanaon) qu’en 1954. Les Pondichériens eurent toutefois jusqu’en 1962 pour choisir entre la nationalité française et l’indienne. Chandernagor, autre comptoir français situé sur les rives du fleuve Hooghly au Bengale, avait été restitué à l’Inde dès 1949.

Les Portugais, qui avaient établi très tôt leur base à Goa, mais détenaient aussi Daman et Diu, sur les côtes du Gujarat, firent de la résistance et ne laissèrent leurs colonies qu’en 1961, contraints et forcés. Le régime Salazar refusa même de se retirer intégralement des comptoirs indiens et il fallut attendre la Révolution des oeillets au Portugal, en 1974, pour que les trois comptoirs recouvrent leur liberté complète.

Les Danois et les Néerlandais avaient jeté l’éponge depuis longtemps. Leur influence perdure néanmoins, plus ou moins marquée.

Si les Danois n’étendirent guère leur présence en Inde au-delà de Tranquebar (Tamil Nadu) et de Serempore (au Bengale, non loin de Chandernagor), les Néerlandais y avaient établi un empire commercial florissant. Ils allèrent même bien au-delà, jusqu’en Indonésie, en Chine, au Japon. Certains historiens jugent que la VOC (Vereenigde Oost-Indische Compagnie, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales) fut la « première entreprise capitaliste du monde », tant en raison de son organisation que de son ambitieuse politique commerciale. Les Hollandais eurent notamment très vite le quasi-monopole sur le commerce de la cannelle à Ceylan (Sri Lanka).

Expéditions à but lucratif

Car si, au sortir du Moyen-âge l’esprit d’aventure souffle sur le monde occidental, de l’Espagne au Danemark en passant par le Portugal et la Hollande, les premières expéditions et colonisations furent d’abord à but lucratif. L’idée était de faire repartir des ports indiens des navires aux flancs gonflés d’épices, de pierres, de métaux précieux, de soieries etc. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les nouveaux « conquérants » s’établirent en premier lieu sur les côtes du souscontinent. Par la suite, les tentatives pour s’emparer de territoires à l’intérieur du pays visèrent à asseoir ce commerce et à favoriser des échanges Inde-Inde. L’idée étant de vendre ou d’échanger sur place une partie des « trésors » récoltés de manière à éviter de faire venir des fonds des capitales européennes. Là encore, les Hollandais excellèrent.

« Les textiles du Gujarat doivent être échangés contre du poivre et de l’or sur les côtes de Sumatra ; le poivre de Banten contre des couronnes et des textiles… Les biens chinois et l’or contre du bois de Santal, du poivre et des couronnes. On peut trouver au Japon l’argent pour obtenir les biens chinois ; les textiles des côtes de Coromandel pour les échanger contre des épices, d’autres marchandises et des pièces de huit (piastres d’argent, NDLR) ; et des pièces de huit depuis l’Arabie contre des épices et d’autres petits produits, nous assurant que chaque achat compense l’autre, et que tout ceci est réalisé par nos navires sans argent néerlandais », expliquait en 1619 Jan Pieterszoon Coen, le directeur général de la VOC. Il avait déjà une claire conception d’un commerce régional, voire global…

Que reste-t-il aujourd’hui de ces vagues européennes qui ont traversé – ou effleuré – l’Inde ? Des bribes linguistiques, des vestiges architecturaux, des saveurs culinaires, des populations métissées… Et beaucoup de nostalgie.

Résultat, les Français se reprennent à rêver de Pondichéry en « petite France », les Danois reconstruisent Tranquebar et Serempore, Goa étale sa beauté portugaise etc. La série s’étendra sur quatre numéros. Premier épisode, les Français au Tamil Nadu.

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