Castes et quotas en Inde

Des clés pour comprendre le contexte des émeutes Jats

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February 22, 2016

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Indes



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La situation reste tendue dans le Nord de l’Inde après des émeutes au sein de l’influente communauté Jat qui ont fait au moins 19 morts et près de 200 blessés en trois jours et abouti à un rationnement de l’eau et à la fermeture des écoles dans la capitale, Delhi. Des représentants Jats, qui réclament des quotas pour assurer des emplois publics et des places à l’université aux membres de leur caste, ont trouvé dimanche un accord en ce sens avec des représentants de l’Etat de l’Haryana (Nord).

Les émeutes et leurs conséquences

Les émeutes au sein de la communauté Jat, dans l’Etat de l’Haryana (Nord) ont fait en trois jours au moins 19 morts et 200 blessés. Des manifestants, armés de bâtons, ont notamment brûlé encore dimanche des commerces et attaqué le poste de police à Rohtak, un des centres du conflit dans l’Etat.

L’armée a déployé dimanche dans l’Etat des milliers de soldats, qui ont reçu l’ordre de tirer à vue, pour mettre fin aux troubles. Dans certaines parties de l’Etat, la police a déclaré ne plus pouvoir contrôler la situation, avec des habitations et des gares incendiées et de nombreux axes routiers paralysés.

Ces émeutes ont aussi abouti au blocage d’un canal qui fournit à la capitale indienne voisine, New Delhi, prés de 60% de son approvisionnement en eau. Le Chief Minister de New Delhi, Arvind Kejriwal, a mis en place un rationnement de l’eau destinée aux 17 millions d’habitants de l’agglomération. Il a ordonné la fermeture des écoles lundi, pour ne pas gaspiller cette précieuse ressource. Depuis, l’armée indienne a repris le contrôle du canal.

Qui sont les Jats ?

Les Jats, une caste et une communauté de tradition rurale, constituent officiellement près de 30% de la population de l’Etat de l’Haryana. On les retrouve aussi dans d’autres Etats du Nord de l’Inde et dans la capitale Delhi, notamment dans des communautés à l’origine villageoise du Sud de la capitale, comme Shahpurjat.

Le gouvernement indien avait alloué en 2014 des quotas aux Jats dans tout le pays. Mais la Cour suprême indienne a, depuis, invalidé cette décision, jugeant qu’elle contrevenait aux règles en matière de quotas.

De nombreux Jats, une communauté dont certains membres sont riches et d’autres beaucoup plus pauvres, s’estiment globalement lésés en la matière.

Discrimination positive et égalité des chances

Certains Jats réclament des quotas pour garantir des emplois dans la fonction publique et des places dans les universités aux membres de leur caste.

Ils ont accepté une proposition du gouvernement de l’Haryana en ce sens, après des négociations dimanche entre les responsables du parti au pouvoir dans cet Etat, le parti hindou BJP, et des représentants de leur communauté, sous l’égide du Ministre indien de l’Intérieur, Rajnath Singh.

Les Jats doivent obtenir des quotas via une loi votée très prochainement, a assuré un responsable du BJP.
L’Inde octroie des quotas aux basses castes, comme les Dalits (Intouchables) dans les emplois publics et les universités, dans la cadre d’une discrimination positive menée dans tout le pays.

Cette politique a, de l’avis des spécialistes, obtenu des résultats aux cours des décennies ayant suivi l’indépendance en 1947 et contribué à mieux intégrer ces basses castes dans le système politique, économique ou universitaire indien.

Mais cette initiative rencontre l’opposition d’autres communautés n’en bénéficiant pas. Un nombre croissant de membres de ces dernières estiment que cela va à l’encontre du principe d’égalité des chances. Ils militent en conséquence soit pour la limitation dans le temps ou l’arrêt de ces mesures, soit pour leur extension à d’autres castes s’estimant également défavorisées, comme dans le cas de certains Jats.

On retrouve ce débat entre le principe de discrimination positive et celui de l’égalité des chances, ainsi que celui lié à la pertinence, l’ampleur et la durée d’application de quotas, dans d’autres pays qui mènent de telles politiques, notamment aux Etats-Unis, depuis la fin de la Ségrégation, dans les années 1960.

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