Les conseils d’Ambika Pillai

La star indienne de la coiffure et du maquillage

Bien-être

November 24, 2016

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Indes

novembre-décembre 2016



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Dans cette rubrique de Beauté-Bien-être, Ambika Pillai nous parle de sa carrière internationale, des cheveux indiens et donne quelques bons conseils pratiques

Ambika Pillai est incontestablement une star en Inde. Originaire de Kollam, au Kerala (Sud), elle est devenue au fil des ans une figure incontournable de la coiffure et du maquillage. Récompensée à de multiples occasions, elle est adulée par les vedettes et les mannequins indiens, qui se l’arrachent.

On dit qu’en seulement quelques gestes, Ambika peut révéler votre beauté. C’est une femme enjouée et malicieuse qui nous accueille dans un de ses salons, briqué et moderne, où s’affaire une équipe de coiffeurs chevronnés, formés par ses soins. Humour, réflexions et conseils beauté au programme.

Comment est née votre passion pour la coiffure et le maquillage et comment les choses se sont-elles  passées  pour vous ? 

Complètement par hasard… Mariée à 17 ans et divorcée à 23, j’aurais pu décider de revenir dans la maison confortable de mes parents mais je suis partie à New Delhi pour suivre des cours de coiffure et de maquillage… J’avais déjà une formation de coiffeuse. J’ai juste eu la chance d’apprendre le maquillage en plus. J’ai d’abord travaillé dans un salon, en faisant des extras pour les défilés de mode, et je suis peu à peu devenue une incontournable des coulisses des défilés. Pourtant, je ne trouvais pas de maquilleurs capables de valoriser mes coiffures, alors, quand un jour le grand chorégraphe Hemant Trivedi m’a demandé si je pouvais aussi m’occuper du maquillage, sans ciller, j’ai répondu oui…

J’ai fait ce premier travail sans aucune expérience mais je savais que je pouvais rendre les filles juste magnifiques… Ce fut un vrai plaisir, à la fin du défilé, quand Hemant Trivedi a pris la parole et dit le plaisir qu’il avait eu de travailler avec l’artiste coiffeuse et maquilleuse Ambika Pillai… J’ai travaillé sur un autre défilé et, cette fois, j’ai remporté le prix national de la meilleure artiste maquilleuse de l’année… Pour faire court, après cela, il n’y a jamais eu de retour en arrière… J’ai commencé à enseigner la coiffure et le maquillage et, au fil des ans, j’ai remporté tous les prix qui existent dans ces domaines en Inde.

Lorsque les Européens voyagent en Inde, ils sont souvent admiratifs des cheveux des femmes, en majorité longs, voire très longs. Pourquoi à votre avis, les cheveux semblent aussi importants en Inde ? 

Je pense que de beaux cheveux longs, épais et bien entretenus, font partie de nos représentations culturelles et il est vrai qu’ils se marient bien avec nos vêtements traditionnels. On peut d’ailleurs dire qu’en Inde, les hommes sont particulièrement attentifs aux cheveux des femmes, un peu comme si c’était les leurs… Avec leur mère, leur soeur, leur petite amie, leur femme ou leur fille… Il faut croire que les hommes indiens aiment particulièrement les cheveux longs !

On ne croise pas beaucoup de gens aux cheveux poivre et sel ou blancs en Inde. Est-ce que personne ne vieillit ? Comment est-ce possible ? 

Non, non, comme partout dans le monde, les Indiens ont les cheveux blancs… Mais les gens se teignent les cheveux très facilement. Pendant longtemps, il n’y a eu que les couleurs noires et brunes disponibles sur le marché. Maintenant, on trouve toutes les nuances. Toutefois, les Indiens sont réticents aux substances chimiques, ils se tournent majoritairement vers le henné. Et, effectivement la coloration à base de henné couvre très bien les cheveux blancs. Je dois aussi dire que notre obsession pour l’huile capillaire aide à entretenir et à préserver les cheveux. Peut-être cela repousse-t-il aussi dans le temps l’apparition des cheveux blancs… C’est ce que nous aimerions croire, en tout cas !

Avec vos années d’expérience et désormais sept salons à New Delhi et deux au Kerala, pouvez-vous nous parler des changements significatifs que vous avez constatés en Inde ? 

Au fil des ans, la coiffure en Inde a fait un pas de géant… Certes, beaucoup plus à New Delhi… Mais, cela commence aussi un peu au Kerala. D’abord, les femmes sont plus réceptives aux changements, notamment aux coupes de cheveux plus courtes et à la coloration claire… Elles veulent changer de texture, passer du bouclé à l’extra lisse, ou vice versa … Même celles qui gardent les cheveux longs viennent dans les salons pour expérimenter des coiffures, dès que l’occasion se présente, et elles sont nombreuses en Inde. Les jeunes suivent davantage les tendances, à travers les défilés de mode ou les films. Avec l’arrivée massive des journaux beauté type Vogue, Elle ou Cosmopolitan, ils ont accès aux tendances internationales.

Cela doit-être intéressant pour vous de mesurer la différence en termes de demandes entre vos clients de New Delhi, représentatifs des grandes mégalopoles indiennes, et ceux du Kerala, qui reste un Etat beaucoup plus traditionnel.

Oui, totalement… En fait, les gens du Kerala vivent dans leur propre univers… C’est comme si aucune influence extérieure ne pouvait les faire changer. Ici, au Kerala, je m’efforce de casser des mythes, des habitudes et des croyances erronées dans le domaine des soins esthétiques.

Vous avez aussi une belle expérience internationale au travers des nombreux défilés (New York, Londres, Paris, Singapour, Dubai, Italie…) auxquels vous avez participé. Comment d’autres professionnels ailleurs perçoivent-ils votre travail et votre « Indian touch » ?

D’abord, je dois dire que c’est incroyablement excitant de voyager et de participer à des défilés internationaux. Au début, je voyageais seule et j’étais en charge de 25 à 30 mannequins. Maintenant, je voyage avec une grande équipe.

Je me souviens d’un défilé à Paris d’une cinquantaine de mannequins : la moitié étaient d’origine indienne et les autres avaient des physiques beaucoup plus européens. Les organisateurs avaient dû penser qu’une artiste indienne ne savait pas maquiller ni coiffer des peaux claires et des cheveux plus fins car ils avaient fait appel à une autre équipe de 15 personnes pour s’occuper des 25 modèles européens… Le thème était « Exotic Kama Sutra »… J’adore ! Je devais donc créer un look et faire une petite démonstration à l’autre équipe pour qu’elle s’en approprie l’esprit. J’avais choisi des coiffures complexes et des yeux très charbonneux. Les filles étaient vraiment parfaites et tandis qu’il ne me restait plus qu’à m’occuper de quelques mannequins, j’ai réalisé que pas une des 25 autres filles n’étaient prêtes et… qu’elles faisaient la queue devant moi. Les filles refusaient de se faire maquiller et coiffer par des gens incapables de reproduire un style ! Bref, je me suis retrouvée à m’occuper des 50 mannequins. Très, très fatiguant comme travail…

Vous êtes aussi très populaire sur les réseaux sociaux indiens et ce qui est encore plus incroyable, c’est que vous trouvez le temps de répondre aux questions beauté de vos fans ! Comment faites-vous ?

Je ne m’ennuie plus jamais désormais… Ma page Facebook me prend tout mon temps libre… Je réponds à 100 questions… Je réagis à quelque chose et je le poste. Je crée aussi des vidéos, certaines informatives, certaines juste drôles. Je le fais pour deux raisons : d’abord parce que cela m’amuse beaucoup et aussi parce que je pense que je peux toucher des milliers de gens privés de conseils ou qui veulent se former au même métier que moi.

Voici par exemple ce que j’ai récemment posté : « L’autre jour, la jolie Sonia s’est assise pour une coupe de cheveux dans mon salon de Trivandrum, au Kerala… Elle a beaucoup souri mais aussi beaucoup pleuré… En fait, on peut dire qu’elle pleurait et souriait en même temps… ‘C’est juste que je vous aime’, me dit-elle… Et puis, elle a continué par quelque chose d’incroyable : ‘A chaque fois que vous mettez une vidéo en ligne, je reste scotchée devant mon écran… Vous ne faites pas que toucher les cheveux des gens, Madame, vous touchez aussi leur cœur’…» Mes yeux se sont embués. Je n’ai pas su quoi répondre et je ne sais toujours pas ce que j’ai fait pour mériter ça.


Les recettes d’Ambika

Le bon produit coiffure ? Le soin après-shampoing

Indispensable après le shampoing, surtout pour des cheveux épais ou frisés. Attention, comme il ne s’agit pas d’un produit nettoyant, il ne faut pas en mettre sur le crâne mais sur la longueur des cheveux, du haut vers le bas. Après 3 ou 4 minutes, on peut passer un peigne à larges dents dans la chevelure et rincer à l’eau tiède, en terminant par un jet d’eau froide. Eclat garanti !

Veillez aussi à choisir un produit adapté à votre nature de cheveu ! Les cheveux colorés ont leur shampoing et soins propres comme les cheveux gras ou secs, par exemple. C’est important pour leur efficacité.

Voici quelques recettes naturelles :

• Soin au miel : Mélangez 1 ou 2 œufs (cela dépend de la longueur des cheveux), 1 cuillère à café de miel et 2 cuillères à café d’huile d’olive. Appliquez une serviette chaude sur le crâne et laissez posé pendant une heure. Rincez.

• Soin à l’alcool : Drôle et hyper efficace pour renforcer et faire pousser les cheveux plus vite. Mélangez 1 ou 2 oeufs avec 2 cuillères à soupe de Brandy. Massez le cuir chevelu et laissez reposer pendant 15 à 20 minutes. Bien rincer.

Les huiles capillaires, produits phares des femmes indiennes : lesquelles choisir et comment les appliquer

Contrairement à ce que l’on croit (et à ce qui est souvent fait en Inde), on ne laisse pas l’huile sur les cheveux toute la journée ou toute la nuit, c’est parfaitement inutile ! Pendant la journée, les cheveux huilés emmagasinent toutes les saletés de la rue et la nuit, c’est votre oreiller qui devient sale ! On peut choisir de l’huile de noix de coco, de l’huile d’amande douce, ou même de l’huile d’olive. Contre les pellicules, l’huile de moutarde est très efficace.

Massez votre cuir chevelu pendant 15 à 20 minutes, par des mouvements circulaires effectués avec le bout des doigts, avec votre huile préalablement chauffée. Il faut être léger dans le massage, sinon on risque de casser les jeunes pousses de cheveux situées près du crâne.

Trempez une serviette de bain dans une cuvette d’eau très chaude et essorez la correctement, avant de la déposer sur votre crâne. La chaleur dégagée permet d’ouvrir les pores du crâne et la fibre capillaire et de faire pénétrer l’huile au plus profond.

Répétez l’étape de la serviette au moins 3 ou 4 fois, soit, au moins, pendant 20 minutes.

Il est ensuite temps de rincer et laver les cheveux à l’eau froide. L’eau chaude assèche le crâne et favorise les pellicules, tout en fragilisant les cheveux. Faire deux shampoings doux, en moussant bien.

Après le shampoing, ne pas oublier le soin démêlant. Pour les cheveux qui ont subi un traitement à l’huile, on peut utiliser une recette maison simple et très efficace, qui a le mérite de rendre les cheveux brillants, en les débarrassant de tous les résidus huileux: plongez des feuilles de thé dans de l’eau bouillante et ajoutez un jus de citron. Versez le mélange plusieurs fois sur la chevelure.

Chevelure saine, souple et brillante garantie !

L’erreur à éviter ?

Se laver les cheveux trop souvent ! C’est ce que font les femmes du Kerala. Elles versent de l’eau sur leurs cheveux tous les jours, sans les laver par ailleurs… C’est une erreur. Cela active les glandes sébacées du cuir chevelu. Résultat, le cheveu sera plus gras et, à terme, cela peut favoriser la chute des cheveux.

Encore des recettes naturelles, simples et efficaces ?

Voici deux masques capillaires hyper simples à faire chez soi, une fois tous les quinze jours environ.

1. Indien : mélangez 1 ou 2 œufs à 2 cuillères à soupe d’huile de noix de coco. Appliquez une serviette chaude sur le crâne et laissez poser le mélange pendant une heure. Lavez et appliquez un soin démêlant doux.

2. Exotique : mélangez une banane coupée à du miel, un peu de lait, un œuf et 1 cuillère à soupe d’huile d’olive. Mélangez le tout et appliquez le mélange sur toute la surface du crâne. Laissez reposer 20 minutes. Lavez et appliquez un soin démêlant doux.

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