Le grand oral de Narendra Modi à I’ONU

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October 19, 2014

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Indes

Sep-Oct 2014



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Le 27 septembre, le chef du gouvernement indien prononcera sa première allocution devant l’Assemblée générale des Nations unies. L’occasion sans doute de revenir sur des thèmes sur lesquels il avait fait l’impasse lors de son discours du 15 août, dont la sécurité de l’Inde en général et ses relations avec le Pakistan en particulier.

A tous ceux qui lui reprochaient de délaisser les problèmes domestiques au profit des grands enjeux internationaux, le Premier ministre indien a répondu par un discours inédit et décoiffant le 15 août dernier. Une allocution prononcée sans notes à l’occasion de la fête de l’Indépendance, où il n’a été question ni des amis ni des ennemis de l’Inde, mais plutôt de toilettes, de viols, d’inclusion financière des plus pauvres… Il a aussi lancé un vibrant appel aux investisseurs étrangers, les exhortant à venir produire en Inde. « Make in India ! », a-t-il martelé à trois reprises. Dans le même souffle, il a demandé aux industriels indiens d’arrêter de fabriquer des produits imparfaits et de s’appliquer à ne pas détruire l’environnement : « Zero defect ! Zero effect ! ».

Fin septembre, Modi aura à nouveau l’occasion de renouer avec la géopolitique, une passion qu’on ne lui connaissait guère avant son élection. Le 27 il fera ses débuts à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies. Puis il rencontrera le président américain Barack Obama à la Maison Blanche.

A l’ONU, le Premier ministre indien parviendra-t-il à réveiller des délégués habitués aux discours souvent soporifiques de cette grand-messe annuelle ? Mis au ban de l’Europe et des Etats-Unis après les émeutes intercommunautaires de 2002 au Gujarat (2 000 morts, majoritairement musulmans) dont il fut rendu responsable, le personnage intrigue autant qu’il inquiète dans certains pays. Il sera donc écouté. Entendu ? Tout dépend de ce qu’il dira.

Le terrorisme, le Cachemire et les relations avec le Pakistan semblent être incontournables dans un contexte onusien. Reste à savoir comment va s’y prendre le pragmatique Modi. Fustigerat- il ouvertement les responsables d’Islamabad ? Depuis le 26 mai dernier, alors que le baromètre était au beau fixe entre l’Inde et le Pakistan, les choses se sont gâtées. Le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif avait assisté à l’intronisation de son homologue indien à Delhi et les espoirs d’une reprise du dialogue étaient réels. L’armée pakistanaise – qui garde la haute-main sur la politique étrangère d’Islamabad – surtout vis-à-vis de l’Inde – a-t-elle pris ombrage de cette ouverture ? Très vite, les escarmouches sur la Ligne de Contrôle (LoC) qui coupe le Cachemire en deux, et à la frontière indo-pakistanaise, plus au sud, se sont multipliées. Six personnes ont été tuées côté indien, dont des villageois. Arun Jaitley, le ministre de la Défense, a aussitôt prévenu que « les violations par le Pakistan du cessez-le-feu mis en place en 2003 ne resteraient pas impunies » si cela continuait. Narendra Modi de son côté, a accusé le Pakistan de mener une guerre par procuration au Cachemire, en y infiltrant notamment des terroristes, parce qu’il n’avait pas les moyens de se lancer dans une guerre ouverte contre l’Inde.

Visite très réussie au Japon

Les responsables indiens ont aussi très peu apprécié qu’à la veille d’une rencontre entre Secrétaires aux Affaires étrangères des deux pays, l’ambassadeur du Pakistan en Inde invite les séparatistes cachemiris pour discuter avec eux de l’agenda de cette rencontre. « Pour être sérieux, tout dialogue bilatéral nécessite un environnement exempt de toute forme de terrorisme et de violence », a lancé Narendra Modi, se disant déçu de l’initiative pakistanaise.

 

Les supporters se pressent sur la route du Premier ministre indien, en visite au Japon

Les supporters se pressent sur la route du Premier ministre indien, en visite au Japon

Reste que les Assemblées générales de l’ONU sont souvent l’occasion de rencontres à haut niveau pour tenter de dénouer des crises officiellement insolubles. A New York, Nawaz Sharif aurait donc pu discuter de paix avec Narendra Modi. Si ce n’est que Sharif pourrait ne pas se hasarder à quitter le Pakistan où des milliers de protestataires demandaient sa démission à grands coups de manifestations d’une rare violence, début septembre encore. Une situation dont le Premier ministre indien s’entretiendra sûrement avec le président américain Barack Obama.

Modi ne manquera pas de savourer sa revanche lors de sa visite à Washington. Mais il n’en laissera sans doute rien paraître. Les Etats-Unis ont été réticents à lever l’interdiction de visa dont ils avaient frappé Narendra Modi après les pogroms de 2002. Ils ont aussi été parmi les derniers à le courtiser.

Aujourd’hui cependant, pas question pour les Américains de se priver d’un partenaire stratégique comme l’Inde. Cela vaut pour le contexte régional, avec en ligne de mire l’avenir de l’Afghanistan après le retrait des troupes de l’OTAN, fin 2014. Cela vaut aussi pour la rivalité entre Washington et Pékin. Fin août-début septembre, le Premier ministre indien a brillamment fait la preuve, lors d’une visite très réussie au Japon, que Tokyo et Delhi étaient en mesure de faire contrepoids à la Chine en Asie. Washington ne peut qu’en profiter.

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