« Pas en mon nom ! »
Mercredi 28 juin 2017, des manifestations se sont tenues dans plusieurs grandes villes de l’Inde autour du slogan « Not in my name » (Pas en mon nom) pour protester contre les lynchages des musulmans et des « dalits » (intouchables) survenus dans le pays.
Une importante mobilisation d’Indiens, se réclamant de la laïcité, a lieu sur les réseaux sociaux et dans les grandes villes comme Delhi, Kolkata, Bengaluru, Hyderabad et Mumbai. À Mumbai, malgré les pluies incessantes et les grandes marées, plusieurs acteurs, actrices et écrivains de renom se sont joint la manifestation de Carter Road, tandis que nombre d’activistes travaillant dans les organisations sociales sont descendus à Hyderabad. Environ deux mille citoyens, dont des étudiants et des employés de plusieurs grandes sociétés, ont participé à la manifestation au Jantar Mantar, l’observatoire astronomique de Delhi. Cette vague contre la violence intercommunautaire se propage à travers toute l’Inde.
Le problème avait fait la une des journaux pour la première fois en 2015, quand une foule d’un village des environs de Delhi avait battu à mort un musulman de 52 ans, soupçonné d’avoir conservé et mangé du bœuf à son domicile. Depuis 2015, les milices nationalistes du « gau rakshak » (organisation indienne de protection des vaches) ont perpétué pas moins de dix autres attaques contre des musulmans à travers le pays.
La campagne « #NotInMyName » a été initiée sur Facebook le 24 juin dernier par la réalisatrice Saba Dewan. « Ne devrait-il pas y avoir des manifestations contre les lynchages ? Surtout après le meurtre d’un jeune musulman de 16 ans, hier à Delhi ? Si pas maintenant, alors quand ? Pourquoi attendre que les formations politiques organisent des manifestations ? Pourquoi nous tous, citoyens révulsés par la violence, ne pas nous retrouver au Jantar Mantar à Delhi la semaine prochaine pour manifester sous le slogan « Not in my name » ? »
La publication dénonçait le lynchage d’un jeune musulman de 16 ans, Junaid Khan, dans un train la veille de l’Aïd el-Fitr. Les quatre membres de sa famille qui l’accompagnaient ont déclaré que leurs agresseurs avaient jeté leurs kufis (bonnet) à terre avant de les traiter de « mangeurs du bœuf » et d’« antinationaux » et de battre le jeune à mort.
« Tuer au nom de la vache sacrée n’est pas acceptable », a déclaré, ce 29 juin, le Premier ministre Narendra Modi, après être resté longtemps silencieux sur ce sujet brûlant. Lors d’un discours à Ahmedabad, dans l’État du Gujarat, il a condamné la série de lynchages de musulmans et de membres d’autres minorités commis ces derniers temps dans le pays au nom de la protection des vaches. « Personne n’a le droit de faire justice soi-même dans ce pays. La violence n’a jamais été, et ne sera jamais, un moyen de résoudre le moindre problème », a-t-il ajouté.