Les web séries indiennes

Le nouvel âge du divertissement

Tendances

April 13, 2017

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Indes



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Alors qu’aujourd’hui les séries conventionnelles ne passionnent plus le jeune public indien, les web séries « desi » leur offrent une nouvelle forme de divertissement, et prennent une place prépondérante dans le paysage audiovisuel du pays.

Pour beaucoup d’Indiens, un « road trip » peut évoquer plusieurs choses, des amis, de l’alcool, la fête, mais rarement la famille. Mais voilà que Chandan, Chanchal et Chitvan, frères et sœurs, se retrouvent embarqués dans un « road trip » ponctué d’aventures désopilantes, lors duquel chacun va se découvrir et découvrir l’autre.

« Tripling » (terme désignant l’habitude très répandue en Inde de voyager à plusieurs, minimum trois, sur un deux-roues) est une web série lancée en 2016 par la chaîne de divertissement en ligne, The Viral Fever (TVF).

« Cette série vous donne furieusement envie de faire un « road-trip ». Après l’avoir vue, j’ai demandé à mon frère de la regarder. Elle nous a vraiment donné envie de partir avec nos cousins, ce qu’on fera bientôt, j’espère », s’exclame Paridhi Sharma, étudiante à l’Université de New Delhi, la capitale indienne.

Fini les sagas familiales mélodramatique et irréalistes, basées le plus souvent sur la vie conjugale d’une femme, diffusées sur des décennies à la télévision indienne. Terminé la télé réalité écrite à l’avance. Désormais, Internet buzze de ces web-programmes, exclusivement dédiés à la jeunesse indienne, captivant petits et grands et offrant de bons moments.

« La première web série que j’ai vue c’est ‘Permanent Roommates’ (Colocataires à vie), sur les conseils d’un ami. Depuis, je me les enfile presque toutes. Elles ont chacune leur personnalité et sont beaucoup plus divertissantes que celles qui passent à la télévision », explique Praskovya Katyal, étudiant en langue anglaise à New Delhi.

« Cela fait plaisir de voir que le public aime ces personnages du quotidien, évoluant dans un monde réel, et qu’il apprécie la simplicité et l’innocence de leurs histoires », déclare Biswapati Sarkar, directeur de la création pour TVF, et scénariste de la première web série indienne, « Permanent Roommates », dont la première saison, diffusée en octobre 2014, a enregistré plus de 50 millions de vues à ce jour.

L’Internet haut-débit à changé le mode de vie de la jeunesse urbaine, qui n’allume plus guère la télévision, préférant les épisodes de 10 à 50 minutes des web séries.

Une web série est un succès quand le public s’en empare, et qu’elle donne lieu à des « memes » (images ou vidéos détournées) et que ses dialogues se retrouvent sur des T-shirts et des mugs.

Vansh Sirohi, étudiant en informatique à New Delhi, est arrivé avec son T-shirt « Bro trust me ! » (« Fais-moi confiance, mec ») – dialogue culte de la web série « Baked », lancée en mai 2015. « Mes préférées sont « Baked » et « Pitchers ». C’est exactement le genre de programme que j’ai envie de voir. Ambitieux et drôle en même temps », explique-t-il.

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« Pitchers » (qu’on pourrait traduire par « Les Entrepreneurs »), lancée en avril 2015 par TVF, suit quatre amis qui abandonnent leur job pour créer ensemble leur propre start-up.

Dans la même veine, mais complètement différente, « Baked » – produite par une chaîne indienne de Youtube, ScoopWhoop Talkies et Pechkas Pictures, société de production cinématographique – raconte sur sept épisodes les nombreuses mésaventures de trois étudiants de New Delhi, qui montent une société de livraison à domicile.

La jeunesse : un marché porteur

À l’instar de TVF – connue aussi pour ses blogs vidéo et ses sketches humoristes en ligne – plusieurs sociétés de production ont fait leur entrée sur ce marché porteur : Dice Media, Filter Copy ou même YFilms, filiale jeunesse de Yash Raj Films (YRF), célèbre société de production de films Bollywood, fondée en 1970. Toutes ciblent une jeunesse lassée des programmes et séries conventionnels proposés par la télévision indienne.

Ces web séries se distinguent notamment par l’emploi de nouveaux visages dans les rôles principaux, un groupe d’ami auquel on peut s’identifier, des personnages qui mélangent hindi et anglais, et des situations dans lesquelles la jeune génération peut facilement se reconnaître. « Même si les célébrités attirent plus l’attention, le public s’identifient mieux à des visages inconnus qui donne aux web séries une touche plus réaliste », explique Arunabh Kumar, fondateur et PDG de TVF.

Difficile alors de ne pas se laisser tenter pas le succès énorme de ces séries. Des stars de Bollywood comme Kalki Koechlin – actrice indienne née de parents français, qui s’illustre déjà sur Youtube par ses interventions poétiques – et Parineeti Chopra, cousine de l’actrice internationale Priyanka Chopra, ont fait des apparitions dans certaines épisodes, ou « webisodes », de la web série « A Man’s World » produite par YFilms.

Le tout Bollywood suit désormais cette nouvelle tendance. Le réalisateur Rohan Sippy tourne actuellement deux web séries pour Eros International : « The Client » (« Le Client ») avec Bipasha Basu, et « Side Hero » (« Héros dilettante ») avec Kunaal Roy Kapur et Konkona Sen Sharma.

Ces web-séries n’attirent pas que le public, mais aussi beaucoup de partenaires et de sponsors, comme Tata Tiago, Kingfisher, Pond’s, Uber, CommonFloor ou Velvet Case.

Ce nouveau concept, né en 1995 avec la web série américaine « The Spot », n’est apparu en Inde qu’au milieu des années 2000. Après avoir écumé ses web séries américaines et britanniques préférées, très loin de sa réalité, la jeunesse indienne a ressenti le besoin de voir quelque chose à laquelle elle pourrait mieux s’identifier. La culture de la web série est apparue en Inde à point nommé. « Les jeunes ont arrêté de regarder la télévision, et les web   séries semblent être installées pour un bon moment », conclut Arunabh Kumar.

Présentation de quelques web séries indiennes

« Permanent Roommates »

Tanya et Mikesh, qui vivent leur son amour à distance depuis trois ans, se retrouvent confrontés à la perspective du mariage. Ne vous méprenez pas, il ne s’agit nullement d’une énième saga amoureuse. La vision contemporaine des relations amoureuses dans une Inde « moderne » a envoyé cette web série de TVF sur la liste des « séries les mieux notées en 2014 » sur IMDB. Ils ne meurent pas, ni même ne vivent heureux ensemble jusqu’à la fin des temps : une histoire d’amour du troisième type !

« A Man’s World »

Kiran, le personnage principal, ne peut plus supporter que la société face une telle place aux femmes, au détriment des hommes. Il prie alors pour qu’hommes et femmes inversent leurs rôles. Comme le dit le dicton, « Méfiez-vous de vos rêves, ils pourraient se réaliser » ! Et voilà que les femmes sont chauffeurs, contrôleurs, « dragueurs » même, et que les hommes ont leurs règles, ou posent pour des marques de bijouteries. La première web série de YFilms est une comédie dramatique sur l’inégalité sexuelle et l’inversion des rôles, et aborde les questions sociales avec sérieux.

« Love Shots »

Cette web série de six courts-métrages, de 10 minutes chacun, trace avec honnêteté et drôlerie un portrait de l’amour, et explore ses facettes de manière peu conventionnelle, tout âge et tout milieu confondus.

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