Mardaani

Un thriller décevant

Entertainment

October 25, 2014

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Indes

Sep-Oct 2014



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madhuri

Sorti dans les salles indiennes le 22 août, le film Mardaani, dont le rôle principal est tenu par Rani Mukerjee, propose une intrigue sans finesse et sans surprise.

Shivani Shivaji Roy est membre de la police criminelle de Mumbai. Femme forte, implacable avec les fauteurs de troubles, elle endosse son métier d’inspecteur avec une assurance et un naturel ravageurs. Rien ne lui pose problème : gifler les insolents, plaquer les fugitifs, broyer les parties intimes des plus coriaces. Elle est « Mardaani », soit une « femme fière », dure, quasi masculine. Bien sûr, il lui arrive de flancher : « vous êtes trop dans l’émotion », lui reprochent parfois ses supérieurs. Lorsque Pyari, adolescente sans abri qu’elle a prise sous son aile disparait, enlevée par un gang spécialisé dans le trafic sexuel, son sang ne fait qu’un tour. Accompagnée de ses acolytes, elle part en croisade contre les malfrats entre Mumbai et Delhi, tristement célèbre pour son taux d’enlèvements record. Parviendra-t-elle à arracher la jeune fille et ses amies aux griffes de leurs ravisseurs?

Avec son film Mardaani, le réalisateur Pradeep Sarkar aborde un sujet sensible et dans l’air du temps. En Inde et en particulier dans sa capitale, les jeunes filles sont les proies privilégiées des agresseurs, entre viols et enlèvements récurrents. Selon les ONG, 38 000 femmes et jeunes filles auraient été enlevées en 2012, un chiffre en hausse de 15% en 2013. « L’Inde est le centre mondial du trafic sexuel des enfants », rappelle de son côté la bande-annonce du film. Face à l’ampleur et à la gravité du contexte, Mardaani et son goût de blockbuster à l’indienne déçoit. Loin de la complexité du sujet, il balance allègrement entre clichés et raccourcis faciles.

Dans la famille des gentils, vous trouverez ainsi la policière au grand coeur, le mari, pharmacien honnête, une nièce orpheline, une mendiante pauvre mais avide d’apprendre et d’étudier. Demandez celle des méchants et vous trouverez l’éphèbe mal rasé, diabolique mais cool (« Le bad boy que toutes les filles aiment détester », titrait sans façon le site Indiatimes.com), la fille tatouée en marcel et treillis, le mafieux et ses gourmettes clinquantes, le politicien sadique. Entre les deux, ne manquez pas les nigérians amateurs de drogues dures, ou encore le bourreau reconverti.

Au cours d’une montée en tension orchestrée à grand renfort de rebondissements loufoques et improbables, de musiques branchées, presque indécentes,ainsi que de scènes agressives et gratuites, l’histoire s’emmêle et le spectateur avec elle. La comparaison entre Mardaani et le beaucoup plus crédible Taken de Pierre Morel avec Liam Neesonen père dévasté, ex-agent de la CIA en quête de sa fille enlevée par des trafiquants d’êtres humains, reste inévitable. Malgré une inspiration évidente, la version indienne peine à recréer la complexité et la violence extrême de ces milieux hors-la-loi. Trop policée, trop conventionnelle, et probablement trop distrayante. C’est finalement ce souci saillant de divertir le public qui gâche le tout, faisant osciller le film entre gag comique et thriller bon marché. Preuve de son côté « grand public », le film interprété par la star bollywood Rani Mukerjee affiche déjà de beaux records d’entrée depuis sa sortie. Il faut convenir avec Rani Mukerjee qu’au moins, la diffusion et le succès d’un tel film pourraient sensibiliser davantage le public sur des thématiques aussi aiguës que l’enlèvement des mineurs et la sécurité des femmes en Inde.

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