Darjeeling

A bord d’un train miniature

Destination

April 16, 2014

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Indes

mars-avril 2014



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Nichée sur les contreforts de l’Himalaya, entourée de verdure, la petite ville de Darjeeling est une destination idéale pour les touristes à la recherche de fraîcheur. Le meilleur moyen pour l’atteindre (elle est perchée à 2 800 mètres d’altitude) est le « train miniature ».

Vous serez tout d’abord surpris par les wagons, qui ne possèdent qu’une porte. De nombreux voyageurs, habitués aux deux entrées par compartiment, cherchent obstinément une autre porte pendant que la foule se presse devant l’unique porte pour embarquer à bord du train himalayen de Darjeeling, surnommé le « train miniature » en raison de ses minuscules wagons. Une fois à l’intérieur, le toit du train retient notre attention avec ses motifs floraux et ses dragons finement représentés dans des tons foncés. En première classe, de hauts fauteuils raffinés et de grandes vitres en verre contribuent à faire de ce train un lieu parfait pour profiter des paysages. A la suite de ce wagon se trouve la deuxième classe, dont l’intérieur est moins richement décoré, mais plus pratique, avec plus de sièges pour accueillir les voyageurs réguliers. La première classe est principalement occupée par des touristes. La voie ferrée himalayenne de Darjeeling fait partie des sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1999. C’est seulement la deuxième ligne de chemin de fer au monde à avoir reçu cette distinction, notamment parce qu’elle existe depuis 125 ans. Captivé par la beauté idyllique du Kangchenjunga, le troisième plus haut sommet au monde, Franklin Prestage, agent des chemins de fer du Bengale, a imaginé le tracé de la ligne de Darjeeling en 1878. La construction de la voie a été terminée en juillet 1881 et la première locomotive fut importée par la compagnie Atlas Works de Manchester.

 

Le voyage débute à New Jalpaiguri, une gare très fréquentée dans les plaines nord du Bengale. Le petit moteur à vapeur siffle et halète en dehors de la gare, puis contourne l’arrière de la ville de Siliguri en direction du pont Mahanadi. L’arrêt suivant est Sukna où se trouve une garnison militaire et des plantations de thé luxuriantes. A partir de là, le train se prépare à grimper les collines. Vous pénétrez au coeur des montagnes bleues après avoir traversé rapidement les plaines parsemées de plantations de thé et de forêts de tek et de sal. Dans le train, les appareils photos se déchainent ; chaque virage offre une nouvelle vue : une maison bordée de fleurs colorées, un vieux couple profitant du soleil assis sur les marches de sa maison, une femme lavant son linge, complètement impassible au passage du train, des vêtements séchant sur une corde à linge, un demi-cercle de chortens (monuments bouddhistes), des enfants jouant au football sur un petit terrain plat au milieu de la jungle, et la scène la plus récurrente : des enfants saluant au passage du train en adressant de merveilleux sourires. La vieille machine fournit son plus bel effort et crache une épaisse fumée en tirant les wagons vers le haut de la montagne. Des femmes Bhutia et Lepcha commercent le long de la voie ferrée, leurs bébés attachés dans le dos. Leurs lourds bijoux en argent oxydé et leurs vêtements aussi colorés et éblouissants que des plumes de paon, tout contribue au charme du voyage.

 

Les forêts de pins près de Jorebunglow

Les forêts de pins près de Jorebunglow

Le contrôleur nous informe que les voies de chemin de fer suivent en général les traces des anciennes routes pour les charrettes, qui longent la ligne en parallèle durant presque tout le chemin. Mais à certains endroits le dénivelé était trop important, rendant impossible l’ascension du train. Pour résoudre ce problème, il a fallu mettre en place un système parmi les mieux pensés au monde. Les ingénieurs ont construit une série de boucles et de demi-tours, ce qui explique pourquoi la voie ferrée quitte parfois son chemin habituel pour le retrouver un peu plus tard. Une boucle est un moyen simple permettant à la ligne de faire un cercle et de passer au-dessus des rails à l’aide d’un pont pour gagner en altitude et en alignement. On peut atteindre le même objectif avec des demi-tours en se dirigeant en arrière, en diagonale pour gravir la colline sur une courte distance, puis reprendre un alignement parallèle à l’alignement d’origine mais en étant plus proche du sommet.

Près du précipice

Pendant le voyage, vous aurez parfois l’impression que le train flirte dangereusement avec le bord du précipice. Rassurez-vous, c’est seulement en raison de la grande envergure des wagons, qui dépasse largement celle des rails. La jauge a seulement un écartement de 61cm alors que les wagons font environ 2,13 mètres de large, les passagers ont donc la sensation d’être plus près du précipice qu’en réalité.

Sifflant perpétuellement, le train navigue au milieu des vallées, des forêts et des plantations de thé. La vue donne sur les montagnes d’un côté alors que la voie ferrée suit les méandres de la route vers Darjeeling. Elle ne cesse de changer de côté : embrassant les flancs de la colline sur quelques kilomètres, puis traversant la route pour longer le bord du ravin sur une courte distance. Les voitures empruntant la route alignent leur vitesse en fonction de celle du train, s’arrêtant pour le laisser traverser puis prenant de l’avance sur lui. Le train s’approche de Kurseong, une petite ville prospère perchée à 1 625 mètres d’altitude, dont le marché se tient au beau milieu du passage du train. De vieilles machines dans un atelier adjacent Destination INDES mars-avril 2014 39 « « à la gare sont autant de souvenirs d’une époque révolue.

Nous avons tout juste le temps de sortir du train et de respirer un peu d’air frais avant de reprendre la route. La locomotive retourne à une intersection très fréquentée puis avance vers l’étroit marché de Kurseong. Les étals des vendeurs de rue sont situés juste au bord de la voie ferrée, de façon à ce que le train puisse tout de même passer. Au son strident du sifflet, ils reculent rapidement, laissant leur boutique ouverte sous le châssis. C’est un rituel savamment orchestré, les commerçants reprennent possession des boutiques juste après le départ du train. Le passage du train miniature fait partie intégrante de la vie quotidienne des habitants de ces montagnes du Bengale occidental. A bord de certains trains on se sent coupé du reste du monde tandis que dans celui-ci, on a l’impression de faire partie de la population locale, comme si l’on visitait une maison de pièce en pièce. Dans les virages, le train ralentit tellement que des gens sortent de leur maison et sautent à bord pour descendre à la station suivante. Alors que nous pénétrons dans un dense brouillard, la route disparait pour laisser apparaître une forêt d’érables, de noisetiers, de poiriers, de cerisiers, de cryptomères et de plants de cardamome.

 

Promenade dans la ville de Kurseong & Le train miniature prend le virage de Batasia

Promenade dans la ville de Kurseong & Le train miniature prend le virage de Batasia

L’arrêt suivant est à la gare de Tung, d’où l’on a une superbe vue sur la crête du Kurseong par temps dégagé. Les gares défilent les unes après les autres sous nos yeux, alors que nous nous interrogeons sur les efforts nécessaires pour construire une telle voie ferrée dans un aussi bel endroit. Mais le meilleur reste à venir. Après avoir traversé Jorebunglow le train atteint Ghoom, le point le plus élevé du circuit à 2 500 mètres d’altitude, puis après une courte pause il entame la descente vers Darjeeling. Le train prend la plus grande boucle du trajet, la boucle de Batasia, qui est aussi un parc dédié à la mémoire des soldats Gorkha. D’ici, la vue sur Darjeeling est extraordinaire par beau temps, vous pouvez aussi apercevoir le mont Kangchenjunga en arrière plan. Quelques minutes plus tard, le train fait son entrée dans la gare de Darjeeling.

 

Un habitant habillé de manière traditionnelle au marché

Un habitant habillé de manière traditionnelle au marché

Grandes expéditions vers l’Himalaya

Un jour comme les autres à Darjeeling, les chauffeurs de taxi attendent les touristes pour les conduire à toute vitesse à Tiger Hill et voir le grandiose Kangchenjunga changer de couleur à mesure que le soleil se lève. C’est sans doute le lieu le plus visité de Darjeeling car il offre des vues majestueuses sur la troisième plus haute montagne du monde. L’aube est le meilleur moment pour se rendre à Tiger Hill car la vision des premiers rayons du soleil illuminant le Kangchenjunga est tout simplement à couper le souffle. Par une belle journée, vous pourrez même apercevoir le Mont Everest. De nombreuses grandes expéditions vers l’Himalaya ont démarré ici, comme celles de Mallory, d’Hillary et plus récemment de Krakauer, Darjeeling servant de premier camp de base. Des sherpas népalais et tibétains expérimentés se sont donc peu à peu installés ici pour offrir leurs services de guides, porteurs et d’hôtes.

 

L’école et le couvent de Loreto à l’architecture coloniale

L’école et le couvent de Loreto à l’architecture coloniale

Darjeeling a aussi été la résidence du dalaï-lama après son exil du Tibet : après avoir fui l’occupation chinoise, le dalaï-lama et ses compagnons ont marché jusqu’à Darjeeling. Un centre de réfugiés pour les Tibétains continue à ce jour d’accueillir des exilés. Darjeeling est influencée par les cultures tibétaines et népalaises mais elle maintient aussi quelques traditions anglaises. Presque tous les habitants parlent l’anglais, qui est enseigné selon les méthodes coloniales. L’architecture britannique est aussi très répandue dans la ville, avec notamment le très populaire Darjeeling Club, ou Planters Club, et ses suites luxueuses réservées autrefois aux explorateurs anglais. Elles sont encore disponibles actuellement, à des tarifs faramineux.

Les explorateurs se reposaient dans le hall autour des tables de billards, festoyaient dans la salle à manger et choisissaient les guides et les porteurs en se penchant au-dessus du balcon pour sélectionner les sherpas les plus athlétiques. En passant le seuil du Planters, nous avons littéralement senti les fantômes du passé ressurgir et imaginé toutes les histoires et les fêtes incroyables que ce lieu a dû connaitre. Le Club a été rénové pour répondre aux standards du luxe moderne et nous le recommandons pour les fêtes du jour de l’an. La plupart des anciennes résidences sont désormais des hôtels qui donnent aux touristes la sensation de vivre comme un Lord anglais. Juste en face du Club, vous pouvez vous régaler des petits-déjeuners et du thé de très bonne qualité sur la terrasse extérieure de Keventers Darjeeling.

Tourisme du thé

Glenary’s, une boulangerie bien achalandée, propose une variété de mets avec, en prime, un bar où l’on joue de la musique « live » et une vue extraordinaire sur la vallée enveloppée de brume. Le meilleur endroit pour se restaurer, faire du shopping ou se promener est le centre commercial. Comme toute station de montagne en Inde, Darjeeling possède de nombreuses rues commerçantes au coeur de la ville. De charmantes marches commencent là, faisant du centre un bon point de départ pour votre visite. C’est le lieu parfait pour faire du shopping : on trouve de petites boutiques et des étals vendant de l’artisanat tibétain, des souvenirs, des antiquités, des objets typiques de l’Himalaya, des livres et toutes sortes de bibelots. Le Chowrasta ou Town-Square, est réputé pour sa vue imprenable sur le Kangchenjunga. A ne pas manquer également, la visite de l’Institut d’alpinisme himalayen, fondé par le premier conquérant de l’Everest, Tenzing Norgay. L’Institut entreprend de nombreuses expéditions et peut se flatter d’avoir enregistré plusieurs records. Vous pouvez vous y inscrire pour suivre divers cours d’alpinisme. Bien évidement, il est impossible de quitter Darjeeling sans avoir goûté son plus célèbre produit, le thé. D’innombrables boutiques proposent toute une gamme de saveurs, mais si vous voulez boire un authentique breuvage, Darjeeling est entourée de célèbres plantations facilement accessibles en voiture, qui produisent du thé depuis le 19e siècle. Désormais, toutes les plantations appartiennent à de grandes multinationales, à quelques exceptions près. Le thé de Darjeeling n’est pas seulement une industrie, c’est aussi un artisanat, un procédé très particulier qui nécessite des années d’expérience, ce qui en fait l’un des produits les plus chers du monde.

 

Cueillette du thé thé dans la plantation de Makainari

Cueillette du thé thé dans la plantation de Makainari

Certaines plantations comme Glenburn et Makaibari font aussi la promotion du tourisme du thé : elles proposent des logements bien entretenus, de quoi faire de votre voyage à Darjeeling une expérience unique.

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