Les entreprises françaises face au marché de l’eau
Pour répondre aux besoins de leur population, les grands centres urbains indiens devront doubler les capacités de leurs infrastructures d’approvisionnement, de traitement et de stockage de l’eau d’ici 2025. Face à ce gigantesque défi, l’ouverture du marché de l’eau aux groupes privés semble prometteur. Focus sur deux entreprises françaises qui font de plus en plus parler d’elles en Inde.
La distribution de l’eau potable en Inde est un défi majeur que les municipalités ont bien souvent du mal à assurer, incapables de fournir un réseau de distribution généralisé, propre et fonctionnel à l’ensemble de ses habitants. Conscientes de l’ampleur du problème, les autorités indiennes s’orientent depuis la fin des années 1990 vers des partenariats public-privé (PPP) ouverts aux investissements étrangers pour améliorer la gestion de leur service public. Dans ce contexte, les deux géants français, Suez et Veolia, s’imposent avec succès en Inde, remportant chacun à leur tour de nombreux appels d’offre. Mais, comment gère-t-on des projets de grande envergure dans un pays aux réalités politiques, sociales et juridiques différentes? Quelles solutions trouver pour maintenir des partenariats pérennes, c’est à dire économiquement efficaces, financièrement rentables et aussi socialement et environnementalement équitables?
Des contrats qui s’accumulent
Décembre 2016 : le groupe Suez décroche un contrat de six ans pour améliorer les services de distribution d’eau potable du quartier de Cossipore situé à Kolkata, la capitale du Bengale-Occidental (Ouest). L’endroit, baigné par les eaux de l’Hooghly, l’un des bras majeurs du delta du Gange, regroupe 200 000 habitants qui ne reçoivent de l’eau que quelques heures par jour.
Le groupe a donc trois ans pour ramener de 60 à 20% le taux de fuites dans les 150 kilomètres du réseau par l’installation ou le remplacement de 25 000 branchements et compteurs d’eau potable. Il aura ensuite trois ans supplémentaires pour assurer la distribution, 24 heures sur 24, d’eau potable dans le quartier. Un contrat estimé à 30 millions d’euros, soutenu financièrement par la Banque asiatique de développement.
Déjà en 2014, le groupe faisait parler de lui en remportant coup sur coup trois contrats pour un montant global de 61 millions d’euros : un contrat de conception, construction, exploitation et maintenance d’une usine d’eau potable à Pune (Centre) pour ses 2,5 millions d’habitants ; la construction et l’exploitation pendant sept ans de deux stations de traitement des eaux usées dans la périphérie de Bangalore (Sud). Et enfin, la gestion directe, pendant cinq ans, des services publics de la ville de Mumbai pour l’amélioration du système de distribution d’eau potable de ses 12,5 millions d’habitants. Sans oublier les réalisations qui ont assis la réputation du groupe en Inde, comme la construction de deux usines de production d’eau potable à Mumbai et la construction et l’exploitation d’une usine de recyclage des eaux usées à Okhla, dans le Sud de la capitale New Delhi.