Soumitra Chatterjee, premier acteur indien Commandeur des Arts et des Lettres français, en 1999

A 82 ans, la grande figure des films de Satyajit Ray brille encore

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News - Indes

January 25, 2017

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On connaît d’abord l’acteur bengali Soumitra Chatterjee comme le collaborateur principal et l’alter ego d’un des grands maîtres du cinéma indien, Satyajit Ray (1921-1992). Mais peu de gens savent que ce vétéran, qui vient d’avoir 82 ans, a été aussi distingué de façon unique par la France, du fait même de ce long compagnonnage avec Satyajit Ray, chéri par les cinéphiles de l’hexagone. Soumitra Chatterjee a en effet été le premier acteur indien fait Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres, en 1999.

 

(A gauche) Soumitra Chatterjee incarne Apu dans « Apur Sansar » (Le monde d’Apu, 1959), son premier film; (A droite) L’acteur, à l’âge de 82 ans, posséde un répertoire des rôles peu conventionnels

Quelle carrière ! Soumitra Chatterjee a beau avoir désormais une santé fragile et être moins présent qu’autrefois sur les plateaux de tournage, le génial Apu, ce rôle phare de jeune homme de la campagne confronté à la jungle urbaine de Kolkata, dans le chef d’œuvre Le monde d’Apu  (1959) de Satyajit Ray, son maître, mentor et ami, n’a rien perdu de son aura pour les fans de cinéma du monde entier.

En témoigne un fait souvent peu connu mais marquant : Soumitra Chatterjee s’est vu conféré en 1999, par le gouvernement français, le titre de Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres. Instituée en 1957, par le ministère de la Culture, c’est la plus haute décoration française récompensant des personnes pour leur création et leur contribution significative dans le domaine des arts et de la littérature, en France et dans le monde. Soumitra Chatterjee était la première personnalité du monde de cinéma indien à accéder à ce haut degré dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

« Satyajit Ray et ses films sont très populaires en France, mais peu connaissent les visages de ces oeuvres. Ce prix va aider à sensibiliser le public et apporter de la reconnaissance à Soumitra Chatterjee en France », expliquait ainsi en 1999 – à Ranvir Nayar pour le site rediff.com – Catherine Berger, réalisatrice française qui a joué un rôle important dans la reconnaissance de Ray et de ses films en France.

Fascinée par les œuvres de Chatterjee dès l’époque de ses études de cinéma aux Etats-Unis, Catherine Berger avait réalisé en 1997 son rêve , en menant à bien un documentaire intitulé « Gaach » (L’arbre), une biographie de Soumitra Chatterjee, agrémentée d’extraits de ses films avec Ray.

Comme De Niro et Scorsese

L’association de Soumitra Chatterjee avec le vieux maître bengali remonte donc au troisième film de la trilogie d’Apu, « Apur Sansar » (Le monde d’Apu), premier film de Chatterjee. Ray, l’uns des cinéastes les plus complets du Septième Art en général, avait été décoré, quant à lui, de la Légion d’Honneur. Le Président français de l’époque, François Mitterrand, lui avait remis cette distinction lors de sa visite en 1988 à Kolkata, capitale du Bengale Occidental (Est) et berceau créatif du réalisateur.

Au cours de sa prolifique carrière, Chatterjee a joué dans 14 films de Ray et leur association est souvent comparée aux plus grands tandems « réalisateur-acteur », comme ceux formés par Robert De Niro et Martin Scorsese, Marcello Mastroianni et Federico Fellini, ou encore Toshiro Mifune et Akira Kurosawa. Créateur de rôles très variés, Ray a expliqué que certains d’entre eux avaient été écrits tout spécialement pour Chatterjee. Rien d’étonnant à ce que les Français, qui tiennent toujours l’œuvre de Ray dans la plus haute estime, aient tenu à honorer Chatterjee de la plus belle manière et peut être ainsi le réalisateur une nouvelle fois à travers lui.

Outre Chatterjee, Sharmila Tagore, l’une des actrices marquantes de l’œuvre de Ray, avait, elle aussi, été distinguée dans l’Ordre des Arts et des Lettres, notamment pour ses interprétations chez le maître, comme la première, celle d’Aparna, personnage principal de « Apur Sansar ».

Un acteur bien peu conventionnel

Soumitra Chatterjee, qui vient de fêter son 82ème anniversaire, le 19 janvier dernier, a été l’interprète de bien des films indiens parmi les moins conventionnels. Alors que ses projets étaient principalement limités au cinéma régional bengali, il a reçu en 2012 le prix Dadasaheb Phalke, la plus haute récompense du gouvernement dans le domaine, pour sa contribution, dans l’ensemble de sa carrière, au cinéma indien.

Si certains soulignent que Chatterjee est passé, par choix, à côté de la richesse et de la gloire de Bollywood, la grande industrie commerciale indienne du cinéma basée à Bombay (Mumbai) et ses environs, les puristes n’en ont cure. Avec son strass et ses paillettes, Bollywood est loin de représenter l’ensemble du cinéma du sous-continent dans sa richesse artistique et sa diversité. Chatterjee continue cependant à courtiser le succès, comme dans le récent court métrage « Ahalya », réalisé par Sujoy Ghosh. Ce film à suspense, basé sur l’épopée hindou mythologique du Ramayana, est considéré comme l’uns des meilleurs du genre et Chatterjee y tient un rôle central.

La France n’est bien sûr pas la seule à avoir célébré Chatterjee. Le  gouvernement italien lui a par exemple donné un prix pour l’ensemble de son œuvre. Élu à huit reprises meilleur acteur par la très prestigieuse Bengal Film Journalists’ Association (BFJA), l’acteur reste néanmoins finalement plus célébré à l’étranger qu’en Inde, pour ce qui est des prix d’interprétation. Mais on dit que l’amour du cinéma n’a pas de frontières….

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