L’art du « kalamezhuthu » du Kerala

L’expression des croyances au travers des rituels

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May 31, 2017

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Les vifs dessins du « kalamezhuthu » représentent les croyances du peuple du Kerala, un Etat situé au sud de l’Inde, où cet art des temples est créé et glorifié.

L’air est léger, frais et parfumé. Les bâtons d’encens allumés près des idoles et le mince trait de fumée qui s’en échappe, ajoutent à l’ambiance de méditation. À l’intérieur de ce temple du Sud de l’Inde, le blanc des fleurs de jasmin, l’orange de la robe des prêtres, le rouge des embellissements sur les murs offrent un ravissement coloré. À la fois simple et apaisant pour l’esprit. Se détachant audacieusement sur le sol de l’entrée, et participant à la dramaturgie tranquille du lieu : le « kalamezhuthu ».

L’art rituel du « kalamezhuthu » raconte nombre d’histoires religieuses grâce à ses grands dessins vifs de dieux et de déesses finement réalisés sur les sols de la plupart des temples du Sud de l’Inde, notamment ceux de la déesse hindoue « Bhagvathy » ou « Bhadrakali ».

Comparable au « rangoli » ou au « komal » d’autres régions de l’Inde, le « kalamezhuthu » est réalisé à l’aide de poudres colorées.

Art des temples, les motifs du « kalamezhuthu » représentent des divinités exprimant des émotions fortes ou s’inspirent de diverses célébrations.

Les situations et émotions représentées procèdent plus de la représentation des rituels que d’un choix artistique. Des motifs à la disposition, tout est pensé à l’avance et suit les coutumes religieuses. Il en est de même des pigments naturels : le blanc, le jaune, le vert et le noir sont préparés à base de riz, de feuilles, de curcuma et de paille de riz. Elles sont les seules à être utilisées pour représenter les divinités.

Le « kalamezhuthu » ajoute au mysticisme des temples par ses représentations vives de la déesse « Kali » ou du dieu « Ayyappa » tirés des légendes de cette région du pays. « Kalam » en malayalam, langue régionale du Kerala, signifie « image » et « ezhuthu » traduit « l’action de dessiner ». Cet art met en valeur les croyances du peuple du Kerala.

La foi au centre de l’art

Le rituel du « kalamezhuthu » s’articule en trois étapes autour d’aspects religieux, esthétiques et sociaux. Tout d’abord, le dessin, ou « kalamezhuthu », ensuite le « Kalam Pattu » qui consiste en l’interprétation du mythe lié à la divinité, et enfin le « Kalam Thullal » où le dessin est effacé tandis que les artistes dansent au rythme des tambours traditionnels. Le dessin est réalisé à un horaire défini avant d’être effacé sitôt les rituels liés au « kalam » terminés.

Les artistes de « kalamezhuthu » appartiennent généralement à des communautés comme les « Kurups », les « Theyyampadi Nambiars », les « Theeyadi Nambiars » ou les « Theeyadi Unnis ». Bien que chaque communauté ait des spécificités picturales, les rituels entourant cet art restent identiques.

Le « kalamezhuthu » participe aux célébrations religieuses dans les temples ou à d’autres rituels comme le « Nagapuja », prière en l’honneur du dieu serpent hindou. Généralement joueurs de tambours, ce sont les artistes eux-mêmes qui officient aux cérémonies. Riz et autres graines offerts s’entassent près du dessin.

Faiblement éclairée de lampes à l’huile, la délicatesse de l’espace sacré est soulignée par les décorations de fleurs, de feuilles et de guirlandes qui font partie des célébrations. Le temple résonne des chants, classiques ou folkloriques, selon la divinité vénérée. Héritage d’une tradition orale perpétuée par les artistes eux-mêmes, ces chants rituels s’accompagnent d’instruments de musique comme « l’ilathalam », le « veekkanchenda », le « kuzhal », le « kombu » ou le « chenda ».

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